Renovation urbaine, règle du 1 pour 1 et agacement de Jean François Copé
Publié le 23 Novembre 2006
L'emportement de Jean François Copé lors du dernier conseil municipal, a donné une pleine page dans le dernier numéro de La Marne (édition de Meaux). Les arguments des intéressés y sont repris à peu de chose près comme ils l'ont été exprimés lors du dernier conseil municipal.
Le fond, la forme... tout se mélange. Tout devrait être clair, simple, sans "langue de bois" (comme le reprend le journaliste de La Marne dans son article), mais l'affaire est plus compliquée. Et les torts sont partagés.
Jean François Copé avait-il raison de s'emporter ? Oui et Non. Oui, parce que la subvention annulée par la région n'avait pas lieu d'être. Que la vraie raison tient plus vraisemblablement de politique politicienne que du respect d'une règle "inefficace" (j'y reviendrais dans la suite de ce post). Jean François Copé a été victime de l'animosité d'une partie des élus de gauche, lors de la défense du dossier de subvention devant la région, et en réponse s'en est pris aux élus d'opposition de sa municipalité (accusés, peut-être à juste titre et aussi, de ne pas l'avoir soutenu sur le dossier concernant cette subvention*). Pour la même mauvaise raison monsieur Copé brille par son absentéisme au poste d'élu à la région (doit-on y voir un quelconque rapport avec sa défaite aux dernières régionale ?), où il pourrait bien mieux défendre les intérêts de la ville de Meaux. Ces histoires de cours d'école navrantes ne sont pas digne de nos représentants élus, et pourtant... Et c'est Meaux et ses habitants qui en pâtissent pour le coup.
Ça c'était pour la forme. Le fond? La question du logement dans le cadre de la rénovation urbaine.
Et je me permettrais une remarque. On a beaucoup parlé de chiffres lors de ce débat. Jamais de personnes. Jamais des gens qui subissent ces mutations de l'habitat (plus qu'ils ne les demandent), et qu'on déplace sans qu'ils aient leur mot à dire. Si on commençait par accompagner les gens, les familles que l'on déménage, dont on se fout au final de savoir où ils travaillent, où ils vont faire leurs courses, où ils emmènent leur enfants à l'école, peut-être qu'un pas serait fait ; comment vivent-ils la ville ? La question du logement c'est la question des gens, pas celle des bailleurs ou celle des promoteurs, et encore moins celle des statisticiens !
Ensuite c'est la question de règles. Règles que l'état a fixé, et dont on peut dire qu'elles sont inefficaces et inapplicables. A moins que l'on commence à les considérer ensemble ?
La première de ses règle est celle du 20% de logement social : toute commune doit avoir sur son territoire un quota de 20% de logement social construit. Une règle motivé par un clivage entre des villes comme Neuilly (ville de Nicolas Sarkozy) où la proportion de logement social est proche de 0 (ghetto de privilégiés, ici, mais certaines petites communes rurales n'ont pas non plus de logement sociaux), et des villes comme Meaux, de banlieue pour la plus part, où le logement social représente près de 50% de l'habitat (et en considérant le territoire de Beauval seul on doit être proche de 80%). Aujourd'hui, la règle du 20% est quasi inapplicable. Autant pour les villes déficitaires en logement social, qui ne veulent pas céder au quota au risque (peur non fondée) de voir leur qualité de vie dégringoler, que pour des villes comme Meaux, où il est difficile de baisser le nombre de logement social. On ne peut laisser faire ni dans un sens ni dans l'autre. Il faut se donner les moyens de faire changer les choses. Même si l'on doit tricher pour ça.
La ville de Meaux a été pénalisé justement pour avoir tricher sur l'autre règle de la reconstruction, celle du 1 pour 1 : 1 logement construit pour 1 détruit. Mais cette règle comme celle du 20% est en partie absurde. Selon celle-ci (et de ce que j'en sais, de ce que je constate) on devrait donc reconstruire les logements sociaux détruits, là où ils étaient avant. Sous une autre forme certes, mais au même lieu, qui est souvent l'échelle du quartier : avez-vous vu d'autres opérations de logement social à Meaux ailleurs qu'à Beauval ? Pourtant en centre ville, du quartier Luxembourg au quartier de la Corniche ça construit ! La ville continu de pratiquer un certain "partage social" de l'espace, plus inconscient qu'autre chose : les bourges en centre ville, les plus modestes à Beauval (et cette façon de penser est la même dans les esprits d'un côté comme de l'autre). Bref, toujours pas de mélange, toujours pas de mixité.
De fait la question du logement a été mal posée. Et ce qui fait débat est une mésentente des parties. La seule et probable solution qui permettrait de repartir sur des bases saines, serait de reconsidérer la question du renouvellement urbain, non comme un problème concernant les communes seules, mais des territoires à l'échelle régionale ! Ainsi, qu'est-ce qui empêcherait des villes a qui on donne des subventions (et donc les moyens) pour reconstruire du logement social, de le faire su un territoire qui ne serait pas le sien, en déficit de logement social : ou quand la règle du 1 pour 1, vient aider celle du 20%.
Les avantages seraient certainement multiples. Pourrait se mettre en place un nouveau partenariat entre les villes (moins de laissés pour compte et plus de solidarité). Une vraie diversité dans la construction des logements sociaux (qui échapperaient au collectif pour devenir pavillonnaire). Possibilité pour les villes comme Meaux de redonner du foncier au privé, plutôt que le redistribuer entre les bailleurs sociaux (OPAC and co). Par exemples...
Et puis je pense que l'on pourrait passer à d'autres projet de villes, plus fédérateurs que le logement (que je ne considère personnellement que comme une conséquence de la ville, et pas "faisant" la ville) : espaces publiques, complexes d'activités, projets de transports, d'échange, etc.
La question est dense, complexe. Les outils existent, mais ils sont mal utilisés. Et le rôle des personnes dans tout ça reste encore à prendre en compte.
* Laetitia Martig, est on peut le supposer proche de Jean Paul Huchons, président de la région île de France, puisqu'en 2003 elle a été assistante de campagne de ce dernier.