Architecture : De la couleur ! (9)

Publié le 2 Février 2009

Le site dédié à l'architecture aROOTS, se pose la question : pourquoi les architectes aiment le blanc ? Cette couleur, qui n'en n'est pas une, a traversé les époques pour s'imposer comme incontournable de l'architecture. Parfois en étant une volonté affirmée, mais le plus souvent semble-t-il comme une absence de choix.

A Meaux, le blanc c'est la couleur de la cathédrale. De la médiathèque et son style neo Moderne (comme celui dans lequel s'inscrit Richard Meier, voir plus bas). Et c'est aussi la couleur dominante de la ville "Moderne" et des bâtiments de Beauval. Dans un cas comme dans l'autre le blanc n'est pas une permanence, ni une vérité, et quand on peut supposer une cathédrale dont l'extérieur et l'intérieur seraitent parés de couleurs aussi vive qu'un parc Disney, les murs des tours de la ZUP se couvrent de couleurs pastelles au gré des rénovations. Alors le blanc ne serait qu'une question de gôut ? Une mode ?


Voici, ci-dessous, la copie de cet article : 

" POURQUOI LES ARCHITECTES AIMENT-ILS LE BLANC ?"
Les architectes aiment le blanc. Pour certains, il s’agira d’une voie de facilité, d’éviter de se confronter à la difficulté d’harmoniser les couleurs, pour d’autres le blanc est une philosophie et une expression architecturale.


Le blanc, une philosophie

John Pawson, Monastère de Novy Dur, Prague

John Pawson est un inéluctable du blanc : le blanc est le rassemblement de toutes les couleurs. Le blanc permet d’aller à l’essentiel. Les murs des maisons de John Pawson sont blancs pour laisser l’espace respirer, pour que la simplicité s’instaure sans ambiguïté. Blanc et minimalisme vont de pair.

L’architecte Richard Meier est aussi réputé pour est un architecte du "blanc". Sa réputation commença par ses premières maisons très souvent publiées : Douglas house, Smith house... les photos de ces maisons étonnaient l’œil averti par la qualité de ses espaces et surtout, le contraste saisissant entre la peinture blanche des maisons et la nature environnante.

Richard Meier, Douglas House

Richard Meier en a fait une marque de fabrique, tous ses édifices sont plus ou moins teintés de blanc. Un client de Richard Meier a même déclaré : " ce blanc omniprésent, me rend dingue !".



Blanc : moderne
L’architecture moderne en général est symbolique du blanc. Le blanc exprime la pureté, les idées nouvelles, la modernité, la nouveauté.

Dans ce contexte l’architecture moderne s’est emparée du blanc et en a fait son fer de lance. La période blanche de Le Corbusier (Villa Savoye), la villa Tughendhat de Mies Van der Rohe, les maisons de Loos, reflètent cet état d’esprit.

Villa Savoye, Le Corbusier

Seuls les architectes "organiques" de l’époque tels que Frank Lloyd Wright font exception à la règle préférant laisser exprimer les matériaux dans leur propre nature, posture reprise aujourd’hui largement dans l’architecture contemporaine.

Le blanc s’efface petit à petit en extérieur pour laisser place aux couleurs réelles des matériaux.
Le béton reste gris, le bois reste le bois et les pierres apparentes : l’espace abstrait des modernes devient de plus en plus concret.



Blanc : une culture

Marco de Canavezes Church by Alvaro Siza Vieira

Le blanc est aussi culturel. Les villes méditerranéennes ont toujours utilisé le blanc pour conserver la chaleur dans les logis. La casbah des Oudaïa de Rabat au Maroc émerveille les touristes par ces couleurs pures et tranchées. Les maisons au Portugal sont blanches comme les maisons de Alvaro Siza.



Blanc et espace
Le blanc, c’est bien connu, a tendance à dilater l’espace. Un pièce blanche paraît toujours plus grande qu’une pièce sombre. Le blanc favorise l’expression de la lumière dans la pièce. Le blanc est donc conseillé dans les petits espaces faiblement éclairés. Il est intemporel et peut facilement se repeindre. Il est aussi reflet de la propreté, de l’organisation et de la rigueur.



Blanc et volumétrie

Sanaa Architects, the new museum, New York

Comme un bâtiment de Sanaa qui s’élève au ciel, le blanc met en valeur les volumes.

Selon Le Corbusier "L’architecture est le jeu savant, correct et magnifique des volumes assemblés sous la lumière." Il rend les arrêtes lisibles, met en valeur les ombres et la lumière.



Le blanc : l’union sacrée
Le blanc unifie. L’architecte doit souvent se confronter à des problèmes de disparités, d’incohérences et l’architecte sait qu’il a pour cela une arme efficace pour atténuer ses dis concordances : le blanc.
Comme un tapis de neige l’hiver qui unifie le paysage, le blanc permet de rendre les choses cohérentes et unies. Il n’y a pas qu’un blanc mais plusieurs blancs.

Robert Ryman Untitled 1958

Robert Ryman a montré par ses tableaux qu’il existe une multitude de blancs. Le blanc peut être froid, chaud, jaunâtre, grisé, texturé, brûlant, torride, sec... quand le blanc devient un art !"



(textes et photos : tous droits réservés)

Rédigé par F.B.

Publié dans #720 Architecture et Patrimoine

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B
Total respect pour les informations ci-dessus.Je croyais que le blanc était "la somme de toutes les couleurs" (je me souviens de cette expérience qu'un de mes instituteurs avait faite, avec un disque colorié qui tournait à grande vitesse devant un projecteur... et le résultat devenait du blanc)Le blanc a aussi des avantages... fonctionnels. C'est facile de faire un raccord, alors que retrouver une teinte exacte n'est pas évident ; deplus, il se patine quand souvent, la couleur se délave de manière non uniforme. Cela "va avec tout". Cela ne capte pas la chaleur comme le noir et l'été c'est appréciable (un crétin d'architecte - tous ne le sont pas - a réalisé l'immeuble de RFO Guyane en... noir. IL faut quasiment une centrale nucléaire pour donner l'énergie nécessaire à sa climatisation)
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F
<br /> Oui, le blanc s'obtient aussi par addition des couleurs du spectre (soit de toutes, soit des trois couleurs primaires, soit du bleu du rouge et du vert, etc)... C'est l'une de ses acceptations. Et<br /> son utilisation a toujours de multiple raison... on pourrait parler sans fin du blanc. ^^<br /> <br /> <br />
S
Je suis tout à fait d'accord avec toi, l'important reste de pouvoir définir l'utiisation du blanc, tout comme il faut toujours justifier un projet dans son ensemble... En gros, le client doit pouvoir comprendre ce qu'il va payer !!! :DMais assez souvent, le blanc est une couleur assez commune qui s'insert assez aisement dans un paysage, et cela facilite également la lecture d'un projet pour les maîtres d'ouvrage, qui n'ont pas forcement la capacité de voir l'espace...car ne l'oublions pas, on parle souvent de grands projets, mais pour les architectes qui s'occupent de projets modestes et qui ont des commanditaires qui n'ont pas de "fibres architecturales", le blanc peut-être un moyen de mieux communiquer des idées, et donc de pouvoir vendre le projet. ;)PS : en architecture, on ne "peint" pas nos projets, on est pas en art plastique ;) les lois en peinture sont différentes car nous mélangons des pigments naturels qui réagissement différemment... mais le principe reste le même, ces pigments absorbent la lumière et renvoient certaines longueurs d'ondes... on reste donc dans le domaine de l'optique ^^ les architectes ne mélangent pas des tubes, mais appliquent des couleurs. Le blanc reste donc une couleur, contrairement au noir qui ne renvoit pas la lumière [ta télé et ton écran PC te le prouvent] ;)
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F
<br /> Oui le blanc est une facilité, c'est bien ce que dit l'article d'aRoots. ^^ C'est d'ailleurs son ambiguité de porter énormément de signification, et en même temps d'être abstrait et non conoté<br /> comme peux l'être le bleu, le vert, l'orange, le noir...<br /> <br /> Par contre "en architecture, on ne "peint" pas nos projets" c'est vrai quand on fait une maquette "en blanc", c'st le blanc pour expliquer le volume, mais je suis convaincu qu'un bâtiment,<br /> construit, blanc, c'est un bâtiment "peint" en blanc.<br /> On est dans le domaine de l'esthétique, et des arts plastiques comme tu dis. J'ai eu du mal avec ça pendant longtemps a me poser la question de l'esthétique d'un projet, "élevé" dans le modele de<br /> l'architecture moderne qui n'en parle pas (d'esthétique). Alors que c'est une partie intégrante du projet. Etil y a différentes façons de traiter la couleur dans un bâtiment : par le pigment (de la<br /> peinture), pas les matériaux, ou par la lumière. C'est d'ailleurs souvent cette dernière qui prédomine, puisque c'est elle (naturelle ou artificielle) qui donne sa couleur au bâtiment. souvent il<br /> n'est pas nécessaire de trop se prendre la tête dans le choix précis d'une couleur : par exemple entre un gris taupe et un gris souris - c'est la lumière qui lui donnera sa teinte.<br /> <br /> On pourrait aller plus loin, la question du blanc et de son utilisation en architecture ouvre aussi a l'utilisation du verre, des matériaux transparents, translucides, et des matériaux miroirs<br /> (acier poli par exemple), pour leur qualité d'abstraction entre autre. Maintenant est-ce que ces considération appartiennent encore au discours sur l'espace, qui est la matière première de<br /> l'architecture ? Il y a une limite... pas forcément facile a définir...<br /> <br /> <br />
S
Perso, le blanc est une couleur [car cela en est une, en optique. Le noir n'en est pas une] que je trouve intéressante par le fait que cela permet un travail purement sculptural. Pour ma part, c'est souvent mon premier choix lorsque j'étudie au travers d'une maquette. Jeux de volumes, de relief, d'ouvertures...La couleur arrive après en fonction des partis-pris, des clients et des sites...Il y aussi un aspect technique qui fût privilégié par certains architectes, et je citerai Hassan Fathy, car le blanc, du fait que c'est une couleur résultant de l'association des autres longueurs d'ondes du spectre, renvoit par conséquent tout le rayonnement solaire, réduisant ainsi l'impact thermique et l'absorption de la chaleur par les murs.Effectivement, la France ce n'est pas l'Egypte ^^  Mais c'est un point à ne pas négliger... 
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F
<br /> <br /> En peinture il s'agit plutot d'une valeur, comme le noir.<br /> <br /> Je trouve qu'il n'est pas facile de définir le blanc en architecture, parce que justement on peut le prendre sous toutes les acceptations possibles.  En tant que couleur si on le prend<br /> comme élément esthétique, décoratif, symbolique. Ou alors comme élément sculptural (mais la sculpture n'est pas là encore l'architecture). Ou encore comme élément technique : ce qui est la valeur<br /> d'absorption de la chaleur et du rayonnement par le blanc, ou la nature de certains matériaux comme la chaux, certains bétons, calcaires, marbres...<br /> <br /> <br /> Et tout est valable. Ce qui fait la différence, c'est le sens qu'on donne à l'utilisation de ce blanc et l'expression de ce choix : que ce soit pour une raison de gout, une raison technique,<br /> symbolique, une référence à un style, etc. Mais il y a tellement de variétés de blancs, que l'on est obligé de le définir. Ne pas le faire est une faute ! ;-)<br /> <br /> <br /> <br />
D
Le blanc est utilisé beaucoup pas seulement parceque les architectes ont du mal à pallier les couleurs mais par un choix. Un tel choix est plus expliqué avec leur recherche du côté épuré et spirituel des édifices. C'est un parti pris aussi, comme d'autres écoles qui ont existé, avec le blanc, certains architectes ont fait leur marque de fabrique.Intéressant article en tout cas.
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