Chère EDVIGE
Publié le 20 Juillet 2008
Le fichier EDVIGE de la police nationale, destiné à collecter toute une série d'informations sur des personnes publiques et privées "susceptible de porter atteinte à l'ordre publique" est-il lui-même une atteinte aux libertés des citoyens ?
Voici un texte paru sur le site SERVICE-PUBLIC.FR
EDVIGE : UNE BASE DE DONNEES POUR COLLECTER LES INFORMATIONS PERSONELLES (10/07/2008)
Le ministère de l’intérieur est autorisé à mettre en place une nouvelle base de données intitulée "Edvige" afin de collecter toute une série d’informations notamment sur certaines personnes publiques (politiques, syndicales, religieuses) ou encore sur certains individus (ou groupes) "susceptibles de porter atteinte à l’ordre public".
Collectées en vue d’informer le gouvernement et ses représentants dans les départements et les collectivités, ces données sont enregistrées sur fichiers. Les données enregistrées concernent les personnes âgées de 13 ans et plus. Elles contiennent les éléments suivants :
- informations ayant trait à l’état civil et à la profession ;
- adresses physiques, numéros de téléphone et adresses électroniques ;
- signes physiques particuliers et objectifs, photographies et comportement ;
- titres d’identité ;
- immatriculation des véhicules ;
- informations fiscales et patrimoniales ;
- déplacements et antécédents judiciaires ;
- motif de l’enregistrement des données ;
- données relatives à l’environnement de la personne, notamment à celles entretenant ou ayant entretenu des relations directes et non fortuites avec elle.
L’enregistrement des données est toutefois plus limité pour les personnalités publiques, l’enregistrement de données relatives aux comportements ou aux déplacements ne touchant pas ces personnalités. Le droit d’accès aux données s’exerce directement auprès de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) conformément aux dispositions prévues à l’article 41 de la loi du 6 janvier 1978 relative à l’informatique, aux fichiers et aux libertés.
C’est ce que précise en particulier un décret publié au Journal officiel du mardi 1er juillet 2008."
Le terme "susceptible" portant tellement a interprétation personnelle, il me semble a lui seul justifier que l'on s'inquiète des dérives possibles d'un tel fichier.
Plus embêtant, la façon dont ce fichier confond en une seule base délinquants avérés, criminels, et victimes, personnalités publiques, du monde associatif, syndicalistes et homosexuels ? Quel est cette hydre qui porte autant de tête et assimile syndicalistes, homosexuels et associatifs, à criminels ? La CNIL pourra-t-elle contrôler ces informations comme prévu ?
Personellement (et pour ce que ça vaut) j'ai signé la pétition disant non à ce fichier. Alors que je ne suis pas versé d'ordinaire à signer des pétitions, et que je ne me laisse pas non plus aller à la paranoia sécuritaire : nous sommes déjà ultra fichés (banque, tickets de transports, caméra de surveillances, net, phishing...), sans plus de conséquence que cela sur nos vies. Mais la surenchère permanente sur ce genre de sujet est un eccueuil qu'il vaut mieux éviter. Ce fichier est aussi pour moi un facteur agravant des inégalités entre les citoyens (et entre autre que vous soyez puissants ou misérables... mieux vaut ne pas faire partie de la seconde catégorie). Pour rappel, l'égalité ne peut exister que dans le statut de citoyen.
Je ne suis pas de ceux qui considère que la liberté est une chose qui se définit uniquement par ce que la loi en dit. Et la machine législative bête et méchante ne peut se substituer à l'éducation et à la compréhension de la liberté que chacun se doit d'avoir. Conditionner par la loi les gens à agir "bien" - par la peur que stigmatise la visée du sécuritaire - ne saura jamais faire des gens foncièrement bon. Pour être bon il faut le comprendre et surtout le vouloir, selon son propre libre arbitre.
Cette morale empruntée à la philosophie (ne me demandez pas les sources) est celle que délivre plus simplement des oeuvres d'anticipations comme "1984" d'Orwell, "Orange mécanique", les films "Metropolis" ou "Brazil". C'est un thème récurent dans la litérature, le cinéma, et pourtant je me demande ce que l'on en retiens vraiment, ce que les gens en ont compris, et surtout en ce moment où on a l'impression que l'on se rapproche plus que l'on ne s'éloigne de ce que dénonce de fait ces oeuvres littéraires ou cinématographiques. Le pire c'est cette peur (de tout : pétrole, écologie, fric, pouvoir d'achat, étrangers, violence...) que l'on alimente sans fin, et qui n'amenera rien de la fin. On verra bien, mais je suis près à le parier.
Enfin sur cette note d'un optimisme latent et d'une grande légereté, je vous laisse méditer... (ben oui c'est pas parce qu'on est en vacance que le monde serais devenu subitement beau et parfait) ;-)