Municipales Meaux 2008 : Du logement (2/4)
Publié le 12 Février 2008
Les (non) choix de la municipalité de Jean François Copé.
Jean François Copé est un bon gestionnaire. Ça a été dit et redit, par moi, par d'autres. N'est-il que ça ? Et ne conçoit-il la ville de Meaux que comme ça ? C'est à dire comme un "objet" (ou une entreprise) que l'on gère ? Je le pense.
Pour ceux qui ont cliqué un jour ou l'autre sur un lien « miniville.fr », vous avez là, un bref aperçu de ce que c'est que de faire de la gestion. On a un sujet : une ville, qui vit (même virtuelle), qui a des besoins, et pour subvenir à ces besoins, et en fonction de ces besoins on monte ou on descends les curseurs, là où il faut et quand il faut : le chômage augmente ? On ajoute une usine. La pollution gagne ? On crée des espaces verts, etc. A la recherche non pas forcément du mieux, mais de l'équilibre. Afin que la ville puisse continuer de prospérer et de grandir. Et la ville grandit. Et elle change même ! Le bon gestionnaire c'est celui qui sait maintenir l'équilibre. Et Jean François Copé excelle particulièrement en ce domaine concernant le budget de la ville. Bien que je ne m'explique toujours pas l’absence de communication sur ce budget de la ville de Meaux présenté comme SON point fort ! (NB : idée à développer dans l'article consacré à la question de la Fiscalité). Pardonnez-moi cet écart :-p
La gestion c'est une chose. C'est important. Mais ça ne fait pas la ville. Et miniville.fr le montre aussi. Et par exemple, on n'a pas la possibilité de dessiner la ville comme on le souhaiterait (ni choisir les immeubles, ni choisir les commerces, ni où on les met…). Ce sont les limites du jeu ? Oui, sauf que dans la réalité la décision et les choix sur le dessin et la forme de la ville ils existent ! On peut choisir.
Alors on peut parler du logement, c’est le sujet de l’article, on pourrait prendre d’autres exemples ! Mais la volonté de Jean François Copé (d’autres également), de concentrer son action sur la question du logement me semble aussi symptomatique de cette « démarche gestionnaire ». Parce que le logement se prête bien à faire de la gestion. D’ailleurs l’enjeu aujourd’hui à Meaux concernant le logement, c’est moins la forme des logements, l’endroit où sont situer les bâtiments, leur portée écologique, leur participation à la cité, ou même « qui y vit » (?), que la façon dont fonctionnent les comptes de l’OPAC de Meaux ou le nombre d’employers de la SAIEM ! Et bien que ces deux là construisent aussi (ça reste marginal), les considérations que je viens d’évoquer sont perçues comme de l’acquis (un patrimoine). Le souci du logement n’est pas dans la façon de l’habiter, c’est réflexions c’est du passé. Les organismes bailleurs de la ville de Meaux sont réellement vécus aujourd’hui comme des entreprises qu’il faut faire tourner. Entre nous, autant qu’elles tournent le mieux possible ^^. Mais à gérer, et ne faire que ça, toute intention sur le logement (et la façon de vivre chez soi au premier plan) disparait purement et simplement. Et c’est regrettable.
A Meaux, on n’affiche aucune ambition de réflexion sur le logement. Est-ce le rôle de la ville ? Est-ce celui des promoteurs ? Les logements de la Pierre Collinet, construits dans les années 1960, avaient une portée expérimentale (basée sur les dogmes de l’architecture Moderne, ou suivant les préceptes de Le Corbusier). Ces logements étaient « pensés ». Et même fortement dégradés et dévalorisés aujourd’hui, ces logements font encore référence (par leur espace, leur agencement, leur organisation). Etc.
Peut-on expérimenter aujourd’hui à Meaux ? Aurait-on pu vouloir à Meaux la maison à 100.000 euro ? Non, je choisi un mauvais exemple. Oh ! Qu’on soit bien d’accord, la maison à 100.000 euro ça existe déjà, et on peut même construire en deçà de ce prix, et même en ayant recours à un architecte. Le problème il est dans le prix du foncier, la disponibilité du terrain et sa taxation. Obstacles rédhibitoires pour la cause de la Maison à 100.000 euro. Ce n’est pas d’elle que viendra la révolution du logement social ! La problématique de la maison individuelle, dans celle du logement, pourrait pourtant être une alternative sérieuse aux logements collectifs, et l'image négative qu'on associe encore aux bâtiments de logements sociaux (quoi que la maison individuelle ne faisant pas un urbanisme très vertueux… enfin ça, c’est encore une autre histoire!). et puis Meaux n’est que peu concernée par la maison individuelle (à voir cette étude parue sur le JDN :
http://www.journaldunet.com/management/ville/ville/immobilier_automobile/1232/meaux/
, près de 70% du logement à Meaux est composé d’appartements ! C’est moins vrai dés qu’on s’aventure sur le territoire intercommunal.
Donc, peut-on expérimenter des choses sur le logement à Meaux ? Dans l’absolu oui, mais dans les faits on constate que rien ne se produit. L’innovation dans la forme architecturale (des logements, des bâtiments), dans la forme urbaine (des îlots, des quartiers, des voiries), les expériences sociales (de vie en collectivité, de bâtiments écolos), environnementales (construction HQE, sur des sites naturels), bref tout ce qui participe du « vivre la ville » et tout ce qui touche à l’habitant, n’est pas pris en compte pour faire Meaux. Pour faire la ville d’aujourd’hui. Pourquoi ? Et même sans aller jusqu’à parler « d’expérimentation » (je sens que la chose fait peur ^^) toutes velléités de réflexions ou d’intentions concernant le logement semblent s’effacer derrière l’appareil technique (comme les règlements d’urbanismes), ou seraient tués dans l’œuf sous le coup de la loi du marché, qui est la logique des promoteurs. Enfin tout ça, bien entendu, à conditions d’avoir à la base au moins une intention (ce dont je doute énormément).
Cette absence de démarche sur la question du logement, dénote au moins deux choses : d’abord l’absence de vision sociétale pour la ville de Meaux (comment on vit la ville ?), et conséquence directe ou dommage collatéral de ce non choix : on construit la ville (sans référence au lieu) sur un mode consumériste ! Sauriez vous me dire la différence entre habiter dans tel logement à Meaux, et habiter dans le même type de logement ailleurs en région parisienne ?
(à suivre : La part des promoteurs)