Une histoire de Développement Durable... (2) : Parc du Pâtis alibi écolo de la municipalité ?
Publié le 8 Juillet 2007
Pourquoi parler d'alibi ? Et bien c'est tout simplement lié à l'attitude de la ville, de sa municipalité (élus, et JFC aussi), la façon dont elle s'est "accaparée" un projet qui ne lui appartient pas pleinement, et l'utilisation de ce projet comme argument (ou d'"alibi") d'une politique de Développement Durable qui aujourd'hui n'existe pas. Je m'appuie en cela sur deux arguments défendus dans l'article précédent, où j’avance que tant qu'on n'a pas d’abord défini clairement un concept, et qu'ensuite on n'adhère pleinement pas au concept, alors tout ça n'a pas de valeur. Ça reste de jolis mots, de jolis idées, mais vides de sens. Je ne dis pas que cela est facile à réaliser, mais je ne suis pas d'accord sur le fait qu'on revendique une chose que l'on n'intègre pas.
Le parc du Pâtis a été pensé dans une logique de développement durable : mise en valeur d'un site non exploité, à forte valeur ajoutée (l'espace naturel existait déjà avant), expérience social de réinsertion par le travail dans la fabrication du parc, prise en considération de la dimension écologique du site et notamment par rapport à la Marne... seulement cette réflexion ce n'est pas la ville qui l'a eu. En avait elle les moyens : non (un petit non hésitant). C'est pour ça qu'elle a d'ailleurs fait appel à des cabinets d'études extérieurs, en l'occurrence ici l'AFTRP (http://www.aftrp.org/html/photo_inter_meaux.htm) et l'atelier Cepage. Chose que je trouve tout à fait normale et intéressante même, dans la mesure où faire le choix d'avoir un regard extérieur sur la ville, est un moyen d'enrichissement aussi pour la ville. Mais notez que jamais dans la communication autour de ces projets il n'est fait référence de ces aménageurs. C'est toujours : "la ville de Meaux fait", "La ville de Meaux réalise pour vous", etc. A côté de cela la ville a (avait ?) un bureaux d'étude et des personnes chargées de faire aussi des projets, et qu'elle a utilisé (par exemple pour l'aménagement du jardin du Conservatoire, ou le projet de la Maison pour Tous). Et pourrait utiliser d’autres personnes de qualités, dans d'autres services…
Mais concernant ce projet de l'aménagement de la zone naturelle, il y a quelque chose qu'elle n'a pas fait et qu'elle aurait pu, aurait du faire, c'est tout simplement donner ses intentions aux aménageurs. Exprimer une volonté. Je dis donc qu'elle ne l'a pas fait ! Attention, il faudrait refaire l'historique de la réflexion sur la zone naturelle pour en être certain, mais je ne pense pas trop me tromper en avançant cette idée. Pourquoi ? Tout simplement parce que la ville n'a jamais su quoi faire de cet espace : ancienne carrière de sable qui ont servi à construire Beauval et ancienne décharge des entreprise de BTP, située en plus en zone inondable (les étangs, et les noues de la Marne), dont la valeur aujourd'hui ne tient qu'au fait qu'on l'a abandonné à la nature, un territoire redevenu sauvage (plus que certaines forêts du coin) et quasiment vierge de la main de l'homme (à part quelques campeurs du dimanche) pendant des décennies. C'était "le lieu" non défini, le "no man’s land" que la ville ne savait pas nommer. Et parce que "non constructible", donc un foncier sans valeur, totalement inintéressant.
Ci-dessus, de haut en bas, documents de travail de l'AFTRP : plan d'aménagement de la ZAC de l'Etang aux Cygnes et photo aérienne du site de la Plage et du Champs de Foire, avant les travaux.
Ce que l'on voit aujourd'hui, les choix qui ont été fait, on le doit au savoir faire des aménageurs, a qui non seulement on a demandé d'aménager l'espace mais en plus d'avoir les idées pour l'aménager (il n'y avait pas de programme). Et à noter que l'aménagement de la zone naturelle si il a été re-valorisé aujourd'hui, mis en avant, au début ce n'était vraiment pas le centre des préoccupations de la municipalité (quel intérêt de ce bout de de forêt avecs ses lacs glauques et ses coins sombres !). Alors ce travail là, dire ce qu'elle voulait pour cet espace, la ville aurait pu tout à fait le faire. Pour moi cela dénote deux choses : d'abord le manque d'une connaissance, d'un intérêt de la ville pour elle même, (chose que je ne comprends pas vraiment), et l'absence de volonté politique. Ou une volonté politique très limitée, pas inventive, ni ambitieuse (bien qu'on risque de me dire le contraire... ça n'engage que moi !).
Parce que l'espace naturel du parc du Pâtis est un modèle de développement durable (un véritable cadeau pour la ville quand même puisqu'elle en récolte les mérites aujourd'hui, et je n'ai rien contre), la municipalité s'est encore servi de ce projet, le mettant en avant régulièrement, pour masquer l'absence totale d'une vraie politique de développement durable (même si il n'y a pas l'intention de "cacher"). Tout en affirmant qu'elle en menait une bien sur, et depuis longtemps encore - voir à ce sujet l'article (très complaisant) paru dans la Marne du 4 juillet 2007, p32, titré "Développement Durable : La ville s'engage dans une démarche d'Agenda 21..." dont je partage avec vous les premières lignes : "Depuis 1995, la municipalité meldoise s'est résolument engagée en faveur du développement durable". Ça suffira je pense (évidement en 1995 l'écologie n'était pas à la mode comme aujourd'hui) ^ ^
Il suffit de prendre l'exemple de la Rénovation Urbaine pour voir que le Parc du Pâtis concentre à lui seul toute la "démarche" de développement durable de la ville. Sur les quartiers de Beauval et Dunant : rien. Au passage un jardin public (je pense au parc Chenonceaux) n’est pas à mettre au compte du développement durable : un jardin est un jardin, point. Pas plus sur l'aménagement de l'avenue de la Marne. Pas plus sur le reste de la ville. Et pour contrarier un peu notre maire, contrairement à ce qu'il affirme ici : "Nous privilégions aujourd'hui des opérations labellisées Haute Qualité Environnementale, qui vont dans le sens de toute notre action dans la ville. En effet, dans notre démarche de construction, en locatif comme en accession, ce qui compte c'est avant tout la qualité des logements" *, aucun programme immobilier en cours a Meaux aujourd'hui n'est HQE. Ni dans les programmes publics ni dans le privé (pensez bien sinon que les boites immobilières, comme Kaufman&Broad, ou Investimmo avant qu'ils ne fassent faillite, communiqueraient dessus !). Groupe scolaire Luxembourg, Maison pour tous, Musée de la grande guerre, toujours pas de HQE à l'horizon. Hum, j'ai pas dit non plus que j'étais forcément « pour » le HQE (il ne faut pas non plus faire du HQE pour faire du HQE à tort et à travers...**). Mais toujours contre l'emploi abusif de certains termes et certains concepts.
Enfin le parc du Pâtis n'a pas que valeur d'alibi (même si je le considère toujours ainsi aujourd'hui...). Ce parce que, il s'est trouvé être, pour la ville et peut-être malgré elle, le moteur d'une nouvelle "vraie" politique de Développement Durable. Puisque la municipalité a annoncé lors du dernier conseil municipal vouloir se doter d'une charte Agenda 21 local. Alors que rien ne l'y forçait. J'approuve ce choix. C'est la connaissance de cette annonce, qui est venue après, qui m'a fait revenir sur mes premières réflexions.
* http://www.explorimmoneuf.com/ib-neuf/ibn-070101-marche-ile-de-france-3.php
** « HQE » : par Rudi Ricciotti , ed. Transbordeurs. Un court pamphlet contre HQE.