Du "TAPAGE" à Meaux !

Publié le 14 Février 2009

 Meaux compte un nouveau media local d'expression libre : TAPAGE
Ce journal bimestriel apparu en décembre 2008 a déjà deux numéros à son actif. Que vous pourrez retrouver sur le site du journal, ou en téléchargement ici > n°0 et n°1 (ou en cliquant sur les images ci-dessous)



TAPAGE est l'œuvre d'une association : l'APEL (Association pour la Promotion de l'Expression Libre), qui se veut indépendant de tout mouvement politique, syndical et associatif. Ce qui ne veut pas dire que le journal n'est pas orienté ! Et à la lecture, on comprend que ce journal est "de gauche". Mais son propos (et il suffit de le lire) n'est pas de faire l'apologie d'une idéologie, ou du prosélytisme pour tel parti. Et c'est très bien !
Un journal local d'opinion, on ne peut pas dire qu'on en soit innondé à Meaux. Celà dit il serait faux de croire que les media locaux sont purement objectifs et non engagés : La Marne principal journal de la région n'est pas le moins du monde critique, ne semble pas engagé, mais il relie quand même la parole des élus (sous couvert de donner l'information des villes), ce qui n'est pas neutre non plus ! L'objectivité n'existe pas !

Enfin la subjectivité ce n'est pas ce qui fait l'intérêt de ce nouveau media, parce que l'on n'est pas obligé d'adhérer aux idées, mais son intérêt tiens à ce qu'il propose une réflexion, ouvre une discution sur des sujets généraux de société qui recoupe aussi des problèmes particuliers à la ville de Meaux. Et que devant "l'inexistance" dans les autres media locaux d'une telle proposition et invitation à la réflexion, on peut saluer cette initiative salutaire !

Enfin souhaitons lui de perdurer... et pourquoi pas de faire des petits. On en a besoin !



Tapage à donné lieu aussi à une discution sur MEAUX LE FORUM > http://meaux.forumactif.net/on-en-parle-meaux-dans-la-presse-et-les-media-f7/tapageameaux-t103.htm



Je vous propose, pour vous faire découvrir un peu la revue et donner le ton, de partager avec vous un extrait de TAPAGE n°0, (Décembre 2008). Un article qui me semblait d'a propos, titré DéMeauxcratie, signé Buster Salgan, à lire ci-dessous. Bonne lecture (PS : bien entendu vous pouvez réagir à cet article en laissant un commentaire à la suite) ;-)



DéMeauxcratie
Quelques problématiques générales sur l’expression démocratique et leur traduction locale sur la ville de Meaux . Par Buster Salgan




La concept de “Démocratie”

Démocratie : pouvoir du peuple. Lorsque nous exprimons cette simple définition, la chose semble entendue : la Révolution Française après de longs siècles de confiscation monarchique ou féodale a redonné le pouvoir au peuple. Et nous n’aurions plus qu’à accompagner cette mutation définitive par quelques variantes institutionnelles et quelques modalités électorales.

Heureusement, la réalité est plus complexe et pour s’en convaincre, il suffit de parcourir le travail de P. Rosanvallon (1). C’est qu’il existe de très nombreuses formes possibles de représentation du peuple qui suggèrent et justifient des modes différents d’organisation du corps social, et par conséquence des formes différentes d’organisation du pouvoir politique .
Ainsi, on distinguera la représentation-mandat pour laquelle la souveraineté est partagée mécaniquement entre tous les citoyens (découpage électoral arithmétique) de la représentation- figuration qui prend en compte qualitativement les diversités (découpage suivant des particularités sociales )

Sur cette question, le XIXeme et le XXeme siècle ont vu se succéder des tentatives très diverses et parfois originales (2) : représentation directe ou indirecte, proportionnelle ou non, représentation structurée par la classe sociale (ouvrière ou bourgeoise), par la richesse (suffrage censitaire (3)) par l’appartenance professionnelle, par le genre (les femmes ne votent en France que depuis 1945 !) et bien sûr par les idées politiques… pour arriver à notre fonctionnement actuel ou l’expression démocratique s’organise conformément à nos institutions essentiellement autour des partis et des syndicats.(4)



Notre époque et la démocratie.

Mais, ne nous le cachons pas, l’expression démocratique actuelle traverse dans notre pays une crise, un malaise. Il ne s’agit pas de crier au fascisme dès que certaines décisions gouvernementales ne sont pas conformes à nos souhaits. Il existe malheureusement de vraies dictatures dans ce monde et certains feraient bien d’aller voir en Birmanie, en Corée du Nord ou en Arabie Saoudite ce qui s’y passe avant de jouer les excités de l’apocalypse politique. Mais justement, il est un rôle essentiel qui est dévolu aux citoyens d’un pays comme la France dont l’Histoire a vu se construire les grands outils de l’émancipation populaire : les utiliser avec obstination , les revendiquer sans cesse avec fierté .

Certes, des libéraux-européistes béats utilisent les institutions européennes pour détruire sans véritable concertation la Poste, les entreprises publiques de l’Energie, et s’attaquer à l’enseignement public et à la Sécurité Sociale solidaire pour les transformer en marchés juteux : alors utilisons nos droits associatifs pour faire valoir notre désaccord dans des collectifs d’action pour les services publics (loi sur le droit de se constituer en association de1901). Des partis, des syndicats sont englués dans des logiques d’appareil, dans des petits carriérismes personnels : alors adhérons et faisons adhérer pour faire bouger les lignes dans ces structures et leur rappeler qu’ils doivent être au service des classes moyennes et populaires ( loi sur le droit à l’existence de syndicats de1884). De grands groupes industriels veulent museler la presse d’opinion : alors soutenons les journaux indépendants des pouvoirs économiques et créons des journaux locaux comme la loi nous en donne parfaitement le droit pour faire valoir nos idées (loi sur la liberté de la presse : juillet 1881).

En d’autres termes, d’autres, bien avant nous, ont construit à la suite de luttes difficiles, des droits fondamentaux . Saisissons les et n’oublions pas que la pire des censures est celle que l’on s’impose à soit même en la masquant sous le fatalisme et la résignation.



L’urgence de revivifier la démocratie et les dérives à éviter.

L’enjeu est d’importance. Car derrière la représentation du peuple par le pouvoir politique se joue la représentation mentale, cognitive, du corps social par chaque citoyen. Dans une démocratie affaiblie, M Dupont limite ses revendications à ses problèmes personnels, ses enfants, sa maison, son trottoir, sa place de parking, son chien, et son assurance privée…

Dans une démocratie revivifiée, il est amené, par le débat et l’échange, à faire, selon la formule laïque, le « deuil de ses certitudes singulières » pour penser l’éducation de ses enfants comme un élément de la transmission du savoir entre générations, sa maison comme une composante de la ville, sa voiture dans la problématique générale des transports et de l’écologie, sa santé dans l’approche collective de la sécurité sociale solidaire etc…

A l’heure où des médias, concentrés et dépendants d’intérêts privés nous livrent des slogans de plus en plus simplistes et réducteurs, on voit l’extrême nécessité de cette démarche. A défaut, nos idées seront définitivement formatées par le 20h d’une grande chaîne de télévision tenue par le lobby militaro-industriel ou les journaux gratuits à la solde des annonceurs, et notre consommation sera totalement conditionnée par les publicités débiles qui les supportent.



LA DEMOCRATIE A MEAUX

La média-cratie et les pseudo-référents de quartiers .

P. Rosanvallon décrit dans son travail deux dérives essentielles de la représentation : la première est la menace totalitaire qui voudrait faire advenir une identification parfaite entre la société et le pouvoir qui la dirige . La deuxième est la menace corporatiste qui morcèle la représentation du peuple en une infinité de voix isolées et séparées. M Copé, fidèle à son habitude du cumul, semble ne pas avoir choisi : il a pris les deux ! D’une part, dans ses apparitions multiples dans les émissions télévisées, il ne rate pas une occasion d’évoquer sa ville de Meaux comme le parangon idéal de la gouvernance municipale. Très chers concitoyens : « Regardez comme il faut faire » ou « C’est pourtant simple, faites comme moi » ou encore « Moi c’est Meaux or Meaux c’est Bien, je vous laisse conclure le syllogisme »…

D’autre part, sur le terrain, il a mis en place un système très centralisé, le cabinet du Maire, censé s’occuper directement de la population en court-circuitant les corps intermédiaires naturels d’une municipalité : les associations bien sûr, mais aussi les relais d’opinion que sont les groupements d’usagers, de réels comités de quartier et l’opposition municipale.

Cette stratégie électorale est hélas bien connue : créer chez les habitants un fort sentiment d’individualisation du traitement des problèmes qui, mêlé à celui, plus diffus, de peur, de reconnaissance idolâtre et de fascination pour un personnage sur-médiatisé, renoue avec des pratiques de l’ancien régime… Soyons cependant indulgents, le despotisme peut être quelque fois éclairé : aussi nous saluons sans réserve l’ouverture du parc du Pâtis comme le fait d’un Prince magnanime avec le peuple qui peut maintenant, s’y promener le dimanche, quand il ne travaille pas…

Cette façon néo-féodale de concevoir le rôle de l’exécutif pourrait prêter à sourire, mais conjuguée avec l’obsession actuelle de notre gouvernement à ficher, surveiller, contrôler et enfermer, elle doit aussi nous alerter. Ainsi, M Copé, relayant avec zèle cette orientation sécuritaire a décidé, sans la moindre concertation avec l’opposition et apparemment sans la moindre délibération du conseil municipal, de couvrir sa ville d’un système de vidéo-surveillance et de quadriller la ville d’une soixantaine de « référents de quartier » chargés de faire remonter l’information de la base vers le sommet. Les caméras sont cachées et très curieusement, quand vous appelez la mairie pour connaître l’identité du référent de votre quartier, on vous répond que c’est impossible !


Ces deux décisions sont donc liées.

Elles procèdent en partie de cette volonté inavouée de dissuader l’expression citoyenne alternative par un réseau centralisé et non–repérable de surveillance à la fois mécanique et humain. Toute proportion gardée, elle n’est donc pas sans rappeler aux moins jeunes d’entre nous, des tristes souvenirs d’une Histoire Vichyste qui n’est pas si éloignée. Annonçons ici la couleur : par simple souci démocratique, et sans dramatisation excessive, cette fâcheuse tendance « Big Brother » (5) trouvera dans les articles de « Tapage » une résistance lucide mais résolue.

(Buster Salgan).



Notes :
(1) Pierre Rosanvallon « Le peuple introuvable » Ed Gallimard .
(2) Constitution Pétain : le vote familial qui prévoyait un double suffrage pour le chef de
famille de trois enfants ou plus !
(3) Le suffrage censitaire ( comme dans la charte de 1814 par exemple) exigeait des
citoyens un certain degré de richesse pour être électeur ou éligible .
(4) En 2006, en France, la Commission Nationale des comptes de campagne a recensé 276
formations politiques !
(5) Dans « 1984 » le célèbre roman de George Orwell, le chef suprême du Parti est « Big
Brother » visage immortel et adulé placardé sur les murs de la ville. Tous les membres du
Parti sont constamment surveillés par la Police de la Pensée et chaque geste, mot ou
regard est analysé au travers des « télécrans » qui balayent les moindres lieux…

Rédigé par F.B.

Publié dans #070 Media : Presse - Radio - TV

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A
il y a des articles sur la sinistrose dans l' éducation nationale ( lutte contre le sida l' alcoolisme etc...qui sont tout bonnement afligeants
Répondre
F
<br /> <br /> Peut-être... mais vous pouvez développer votre point de vue ? citer un extrait ? argumenter ? ^^<br /> <br /> <br /> <br />