Municipales Meaux 2008 : Du logement (1/4)

Publié le 1 Février 2008

La question du logement ne quitte jamais l'actualité. Et elle s'y trouve (très) souvent traitée comme un des sujets majeur de préoccupation, d'à peu près tout le monde (des enfants de Don Quichottes au droit au logement opposable, de la vente des d'appartements à la découpe à la hausse des loyers, de la difficulté à trouver à se loger à la crise des subprime, etc.). Enfin de "logement"... à la condition de ne pas oublier d'y ajouter le qualificatif "social". Parce que c'est de lui dont on parle !
Le logement social est à la fois le lieu de tous les maux ("on en manque", "il fait des ghettos", "il est déficitaire"...), et malgré lui l'objet des grands enjeux de la ville. Un espoir ! Alors, beaucoup s'accordent à penser qu'en réglant le problème du logement social on règlera "les problèmes" de la ville. Il y a certainement un peu de vrai là dedans. Mais le problème du logement social sera-t-il réglé un jour ? Veut-on seulement le régler ?  Et qui le peut ? Nos politiques ?


Les municipales donnent un regain d'intérêt à la cause du logement, et à Meaux le sujet est même au premier plan des attentions des candidats à la plus haute marche de l'hôtel de ville.
 

Et c'est assez normal quand on sait combien le parc social, créé dans les années 1960-70 continu de peser lourd dans l'héritage de la ville, et sur son quotidien. Meaux doit énormément aujourd'hui (en bien et en mal) à la politique du logement dans ces années là. Elle lui doit sa taille, le doublement de sa population, une grande partie de ses équipements (stades, piscine, école...), son renouveau et puis sa déchéance, ses problèmes urbains, la paupérisation progressive de ses quartiers, ou sa résidentialisation massive qui la transforme en cité dortoir. Aujourd'hui, intervenir encore sur le logement, par la Rénovation Urbaine notamment (destruction, réhabilitation, reconstruction), continue d'influer sur la ville. Mais je n'irai pas jusqu'à faire du logement "LE" principal déterminant de la ville. Bien qu'on voudrait nous le laisser entendre. Et ce parce qu'on peut concevoir que résider n'est pas habiter la ville (j'y reviendrais), mais surtout qu'il y a d'autres considérations dans la question du logement, que l'on n'aborde pas. Des questions que l'on élude. Et à raison sans doute (?), parce que le politique local n'a pas de pouvoir dessus, et de réponses à leur apporter. Pourtant il est important de les noter, sans quoi la question du logement peut paraître incomplète ou sombrer dans un faux débat !




La politique du logement social à Meaux : les fondamentaux.

La question du logement social ne peut se penser à Meaux sans la politique de la ville. Cette politique de la ville fonctionne aujourd'hui dans le cadre de la convention signée avec l'ANRU (le 26 octobre 2004)*, et grâce aux subventions importantes que celle-ci a ramené (entre 130M et 160M d'€ - j'ai un petit doute sur le chiffre exact !), et qui ont permis ces 4 dernières années les transformations importantes des quartiers de Beauval et de la Pierre Collinet : destruction des "Caravelles", création du parc Chenonceaux, du collège Dunant, du parc naturel du Pâtis, la réfection des voiries, la réhabilitation du centre commercial de la Verrière, la redynamisation de la zone franche urbaine, la sécurisation des espaces publics, etc. Mais cette politique n'est pas apparue comme ça par miracle du jour au lendemain. On peut en situer le début, à l'aube des années 1990, marquées par la création de la Zone Franche et surtout par ce geste radical qu'a été la destruction du bâtiment E (Eglantine), l'une des 5 barre d'habitation du quartier de la Pierre Collinet  (le 8 juin 1990 **). Suivront d'autres destructions, la décision d'inscrire Meaux dans un Grand Projet de Ville (GPV), etc.


Ceci pour rappeler aussi que les effets de la politique de la ville que l'on constate sur Meaux à l'heure actuelle n'en reviennent pas qu'aux seuls "mérites" de Jean François Copé, qui aurait tendance trop souvent à  considérer qu'avant 1995 à Meaux il n'y avait rien (et après lui le déluge ?) ; en témoigne le site officiel de la ville de Meaux. Les phénomènes de la ville sont lents, se voient et se font sur plusieurs décennies, et bien souvent échappent aux politiques, parce qu'ils dépendent de bien d'autres considérations que l'échelle du local ne peut appréhender. Ou pour dire autrement : si une autre municipalité avait été en place à Meaux depuis 1995, et qu'elle avait su pas trop mal gérer la ville, Meaux aurait changée tout autant. Peut-être même de façon identique. Est-ce que l'ANRU ne serait pas intervenue à Meaux avec une autre municipalité? Est-ce qu'elle serait intervenue moins efficacement ? Y avait-il d'autre moyens de faire changer la ville ?



Pour mémoire, lorsqu'on construit la Pierre Collinet en 1960, on construit du provisoire. Et dans l'attente de Beauval. On donne environ trente années de vie à ces bâtiments (autant dire que lorsqu'on commence à détruire le premier, ils ont déjà dépassé depuis quelques années la date de péremption). Surtout que les effets de paupérisation, ghettoïsation, ségrégation se font sentir dés le début. Deux ou trois ans après l'entrée en fonction des tours on constate déjà des déprédations : des écritures sur les murs, des boutons d'ascenseurs détruits, des éclairages cassés, etc. Et on "tient" les murs ! (rien de nouveau !) La construction de Beauval accentue le phénomène lorsque les revenus moyens commencent à quitter le quartier pour les nouvelles habitations de la toute nouvelle ZUP (années 1970). En 1977 on en vient même à lancer une rénovation du quartier de la Pierre Collinet.
La Pierre Collinet avait valeur de quartier expérimental. Mais cela ne veut pas dire qu'on a fait n'importe quoi. Et les appartements construits dans les années 1960-70 gardent encore jusqu'à maintenant des qualités qu'on ne trouve pas forcément dans les constructions neuves d'aujourd'hui (espace, orientation, disposition des pièces...)


La Pierre Collinet, comme Beauval, ont représenté jusqu'à 80% du logement social à Meaux. En grande partie gérés par l'OPAC de Meaux, ce "patrimoine" est pour la ville un poid, et que la ville ne méritait pas de porter seule. A ce titre je trouve justifiée les subventions accordée à la ville par l'ANRU qui viennent "réparer" dans une certaine mesure les choix d'une mauvaise idéologie du logement. Reste à voir ce que les actions menées aujourd'hui en matière de logement changent réellement à la ville.




(A suivre : Les (non) choix de la municipalité de Jean François Copé )




*** sources (à venir)

Rédigé par F.B.

Publié dans #320 Politique

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B
Mais une fois de plus et sans pour autant condamner la mesure... puisqu'elle relève quasiment de l'assistance à personne en danger pour 15% des étudiants et à l'assistance à personnes dans la mouise pour 20%...des collectivités locales se susbstituent à l'état défaillant qui abandonne ses prérogatives, qui baisse donc de manière homéopathique ses impôts et a beau jeu de reprocher aux dites collectivités d'être inflationnistes.
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J
Bon encore un anonyme s'appelant 107 mais qui dit "nous "en présentant un  projet. Un peu de courage les amis assumez vous franchement!
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F
107 a laissé une adresse mail, James... _____________Je rebondi sur ce que 107 à dit justement, et suite à une annonce récente de Jean François Copé, dans le cadre de ses propositions pour les municipales. Et qui annonce vouloir construire des logements étudiants avec une contrepartie qui serait que des étudiants meldois pourraient dans une même proportion avoir accès à des logements à Paris intramuros.  Ce qui est un peu idiot. Dans la mesure où; si on construit des logements étudiants à Meaux, c'est à l'usage des étudiants parisiens (ou ceux de Marne La Vallée), et donc que l' on considère qu'un étudiant qui habite déjà Meaux n'en aura pas besoin à Paris. Logique. Après c'est une question d'indépendance...Ayant été étudiant sur Paris, il est vrai que passer 3 heures dans les transports par jour (au même titre que de nombreuses personnes travaillant sur Paris) est fatiguant, même usant au bout de quelques années (en même temps j'ai jamais autant bouquiné !). Mais ce n'était pas la distance ennuyeuse, ou le fait d'habiter Paris même qui était envieux. Mais plutôt les à côtés. Comme le coût de la carte orange (même à tarif réduit). Ou le temps passé dans les transports qui grignotte sur le temps que l'on pourrait consacrer à un job. Il y a toujours moyens de moyenner, comme en bossant à Disney ou au Mac do... mais l'offre est limitée pour les très petits contracts; à 10-15h par exemple (la législation du travail les empêche !). Bon tout dépend aussi le temps de travail consacré à l'université, et la branche suivie, etc...Enfin la proposition d'échange de place n'est pas non plus complètement stupide, il suffit de lire ce que dit 107, et de poser la question différement. Ainsi il serait peut-etre intéressant que Meaux passe un accord avec d'autres villes universitaires françaises, ou étrangère ! Là, le fait d'avoir un système d'échange de place pourrait être intéressant. Il n'y a pas qu'à Paris en effet qu'il y a des universités de valeur. Mais pour cette solution, autant voir grand, et à ce moment là proposer un nombre conséquent de logements étudiants (500 -1000? sur les quelques millions de logements manquants...). A savoir si ça reste viable, et en se disant que derrière ces logements, il y aura donc des jeunes, et que ceux-ci peuvent ramener une certaine activité aussi sur la ville... ce qui ne serait pas une mauvaise chose ! 
B
En complément, à propos du logement des étudiants, cet article du Parisien libéré qui n'est certainement pas un brulot gauchiste!http://www.leparisien.fr/home/info/vivremieux/articles.htm?articleid=296050701
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B
En réponse à ce qui est dit plus haut:"80% des ménages français sont éligibles au logement social"Oui, en théorie, comme d'ailleurs le droit au travail qui est fondamental et même, je crois, constitutionnel. Seulement c'est en pratique "dans la limite des places disponibles" et d'un coup on tombe bien en deça de cette proportion. Alors, stop à l'hypocrisie! En plus, compte tenu des paliers qui sont fixés, cela en dit long sur le pouvoir d'achat de "80% des Français", justement. Alors il faut faire des choix. Dans certains endroits (comme certains arrondissements de Paris et quelques villes d'ailleurs de toutes tendances), c'est selon des critères précis, dans la transparence, en fonction des priorités. Et comme les "plus prioritaires" sont évidemment neuf fois sur dix les plus défavorisés, l'effet pervers est la construction de ghettos.Dans d'autres il y a des règles, mais avec "de petits accommodements" aux marges, plus ou moins larges. Par exemple, si c'était mon état d'esprit, bien que "pas éligible au logement social", je sais que je pourrais en obtenir un en quelques semaines dans une certaine commune, juste en payant un modique surloyer parce que le maire est un ami (et pas de gauche, je précise)Dans d'autres c'est quasiment le népotisme voire la corruption qui règnent... Ou le souci assumé cyniquement de ne pas accepter de "pue la sueur" cf le récent remarquable reportage du Monde sur les HLM de Neuilly occupés par des PDG, des administrateurs de société, des aristos pas en crise, pendant que leur personnel de maison prend le RER pour aller habiter à l'autre bout de l'agglomération parisienne. Des Vel Satis dans les sous sols de HLM...Je ne peux en outre que me répéter: la panacée n'est pas dans le développement systématique de l'accession à la propriété, même si bien sûr il faut l'encourager pour ceux qui le désirentIl existe des tas de gens qui, pour des tas de raisons dont certaines sont objectives (mobilité professionnelle) d'autres qui relèvent de leur mentalité, de leur manière de concevoir leur existence, ne veulent en aucun cas être propriétaires même s'ils en ont les moyens. Et ceux là ont besoin d'un parc de logements locatifs intermédiaires, entre les HLM à prix raisonnables et le secteur spéculatif ou de propriétaires privés qui se constituent un capital et un revenu sur le dos de leurs locataires en profitant de la pénurie globale (on n'a pas à leur reprocher d'ailleurs, dans une société "de marché dérèglementé")___________A propos des logements sur Paris pour les étudiants meldois, sur le système des "bourses d'excellence" en quelque sorte. Je ne vais certainement pas réfuter totalement cette idée puisque j'en ai formulé une similaire, sur mon propre site: c'est malheureux à dire mais du fait de la structure des transports en commun dans la RP (ça s'arrangera peut être... mais il faudra des décennies), de Paris on va à peu près partout dans l'IDF sans gros soucis, donc on peut rejoindre à peu près toutes les universités. Seulement (j'ai pensé à ça hier soir): ça montre qu'insidieusement les communes qui s'engageraient dans cette voie se substituent au scandaleux défaussement de l'état qui a laissé crever le logement universitaire faute de constructions nouvelles et faute de rénovation de l'existant. A noter que j'attaque là l'état et pas le pouvoir actuel, car les deux factions qui ont géré le pays ces dernières décennies sont autant coupables l'une que l'autre en la matière. Sous la droite on ne construit pas, sous la gauche on a par exemple laissé crever la RU d'Antony.
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"du logement étudiant pour développer le pôle universitaire sur Meaux et les formations post bac. Mais nous souhaitons également offrir aux étudiants meldois méritants des logements sur Paris. Aujourd'hui, un étudiant meldois n'est pas prioritaire pour se loger dans les résidences universitaires parisiennes. Demain, un bon élève, pourra bénéficier d'une offre de logement sur Paris, ce qui lui évitera les tracas des transports et lui permettra de se donner tous les moyens pour réuissir ses études."Un pôle universitaire à Meaux ? Des formations post-bac pourquoi pas Meaux compte déjà le STS de Coubertain, un IUT. Mais a l'heure de l'autonomie des universitée, des poles de compétitivités, des établissements pilots et d'une precission international qui favorise les regroupements et les grands ensembles comment voulez vous créer une pôle universitaire à Meaux ?Je ne dis pas que la ville n'a pas besoin de logement étudiant. Elle en a surement besoin. Faire de Meaux une ville étudiante serait aussi surement une très bonne chose mais cela me semble pour le moins irréaliste."les étudiants meldois méritants des logements sur Paris."Ce problème n'est pas unique aux étudiants meldois et l'absence de logement, de campus et d'infrastructure adapté à la vie universitaire est une problème de longue allène de l'education française ( on attire plus les étudiants, même du magréhe avec notre seul excelence en mathématique ). Qu'ils soient meldois ou parisiens. Il n'y a déjà pas assez de logement pour aquelir les étudiants étranger qui en on le plus besoin. Donc même avec une priorité accrue, je ne crois pas que les étudiants meldois aient une chance d'obtenir un logement étudiants à Paris.De plus je ne comprend pas cette focalisation sur Paris. Les bonnes universités ne sont pas exclusivement parisienne. De plus en raison d'un pression immobilière impressionnante le problème du logement étudiant à Pairs ne risque pas d'être réglé dans cette décennie.J'en veux pour preuve le fait que le seul campus de paris la cité universitaire internationale est bondée et que la plus part des maison si sont installé entre les années 20 et 60."Demain, un bon élève, pourra bénéficier d'une offre de logement sur Paris, ce qui lui évitera les tracas des transports et lui permettra de se donner tous les moyens pour réuissir ses études."Je me permet de reformuler vos propos: Demain, un bon élève pourra bénéficier d'un logement financer par l'association des anciens élèves de son école de commerce ou d'ingénieur en proche banlieue. Lieu ou se sont exilés tous les établissement qui en avaient les moyens dans les années 60 pour ne plus être confronter au manque de place et aux pressions immobilières.L'élève moyen continura sa galère dans un studio à 700€ le mois, dans des fac parisienne trop petite mais qui peut s'enorgueillir d'être intra muros . Il touchera peut être une aide au logement de la part de sa ville ou de sa région. Super!
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