Hypers et grandes surfaces, le mauvais choix des villes ?

Publié le 19 Septembre 2007

Une question. Et même plusieurs. Sur une façon de faire la ville qui me semble en décalage et surtout en contradiction complète avec la ville durable que l'on nous "vend" aujourd'hui. L'exemple à Meaux. 


On a discuté ces derniers mois de l'installation (ou non) de deux hypers sur la ZC de la Hayette entre Meaux, Mareuil et Nanteuil. L'histoire c'était à celui qui aurait la plus grande… "grande surface", entre Bernard Roux, le maire de Nanteuil, et Louis Bousquet le maire de Mareuil. Nanteuil avait tiré le premier par l'annonce de l'ouverture d'un HyperChampion, sur ce qui est encore un champs situé après le Conforama, en place des deux Champions de Nanteuil et Mareuil. Chose qui semblait logique sauf que les places dans la future galerie commerciale étaient comptées, et que les commerçants de la galerie du Champion de Mareuil risquaient au final de  rester sur le carreau ! Insulte personnelle (?) au maire de Nanteuil qui voulu faire justice à ses commerces et avoir lui aussi son hyper. Depuis, l'HyperChampion se fera bien à Nanteuil, et Mareuil aura un petit E. Leclerc !
Que de bêtise et de temps perdu, pour une dispute idiote, là où il aurait été probablement plus simple de fusionner les deux zones commerciales de Nanteuil et Mareuil et se partager entre les deux ville la recette de la taxe professionnelle. Passons.


Cette histoire qui semble bien futile soulève pourtant un autre problème, celui des zones commerciales et des grandes surfaces.

Pourquoi parler de problème ? Parce que ce qui était une révolution, une vraie innovation dans les années 70 - et à Meaux certains se souviennent de l'installation du supermarché au coeur de Beauval, le seul de la région de Meaux pendant longtemps et qui drainait énormément de monde alentours - est devenu aujourd'hui une banalité, et surtout une vraie question éthique, et un enjeu de société. A l'heure des villes durable, doit on continuer de privilégier le commerce à travers les grandes surfaces ?


Depuis super M, aujourd'hui les Halles d'Auchan, on a fait du chemin. Ces grandes surfaces qui pourvoyaient de l’emploi, qui offraient des biens de consommation à prix concurrentiels, et qui ont démocratisé l'accès à la consommation, en même temps que le petit commerce crevait ( ?) ne jouent plus ce rôle aujourd'hui. La course aux prix bas a été stoppée par accords tacites. Par raison de marges bénéficiaires aussi (les grandes surfaces sont avant tout aujourd’hui d’énormes machines à faire du fric au détriment des consommateurs mais aussi des fournisseurs). Ou alors quand ils pratiquent des prix bas c'est au détriment des produits proposés aux consommateurs : Les Halles d'Auchan, à Meaux, ont été récemment mises en causes avec d'autres magasins « discounts » pour avoir distribué du dentifrice en provenance de Chine et contenant des produits toxiques (de l'antigel). En même temps les emplois peu qualifiés et mal payés sont devenus l’apanage des grandes surface, et ici au détriment des employés.

Enfin peu importe ce que l'on en pense, et même si elles sont le lieu privilégié ou l’on va faire ses courses, les grandes surfaces sont aussi responsables (et à travers elles les décideurs de la ville) d'un urbanisme qui aujourd'hui DOIT être remis en cause. C'est la vision de la ville des années 1960-70 : l'urbanisme de zone (zone d'habitat - zone de commerce - zone d'entreprises - zone d'équipements...). La ville automobile. Faite pour l'automobile. Une ville étalée, consommatrice d'espace, d'énergie, et qui ne fait pas la ville en terme de société.

La ville durable, qui arrive aujourd'hui est une ville ou la densité, la mixité (des fonctions, des personnes) sont de mises, et où les transports en communs, l'économie (des énergies, des réseaux, des constructions, des déplacements), priment. Ce modèle de ville c'est celui vers lequel on doit tendre. Et pourtant on n'en est encore à penser grandes surfaces. Pourtant il faudra bien un jour s'attaquer à la question. Quand ? Qui ? Qu’est-ce qu’on attend ?

Ce qui ne fabrique plus du travail pour la population. Ce qui ne fait pas de la ville. Ce qui défigure les entrées et périphéries des villes. Ce qui encourage un mode de consommation bête… tout ça a-t-il encore raison d’être ? Quelle est l’alternative ? Et comment y arriver ? Le commerce a un rôle a jouer dans notre société. Essayons de le trouver !



Pour aller plus loin sur la question de la grande distribution et du commerce, je vous renvoie à la lecture de ce texte au vitriol de Benjamin : MERDE A LA GRANDE DISTRIBUTION (REPRISE)
Ainsi qu'au blog très intéressant d'un épicier : L'EPICIER DEBLOGUE

Rédigé par F.B.

Publié dans #330 Economie - Commerce

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C
Je réponds à un de vos articles où vous souhaitez plus de commentaires. Votre blog est vraiment très intéressant et il permet d'apprendre plein de choses sur Meaux. En général, je suis assez d'accord avec votre vision de la ville et de notre "bon" maire. Mais, personnellement, depuis mon dernier commentaire, j'hésite à en déposer de nouveau de crainte de me faire aboyer dessus par le chien qui rôde dans les commentaires. Il faudrait que vous indiquiez sur votre page d'accueil : "Attention ! Chien méchant" ou que vous le teniez en laisse (à défaut de pouvoir lui passer une muselière, nous sommes en démocratie...). C'est dommage car, je le redis, votre blog est très bien fait, incroyablement documenté, et donc très utile, remplissant une véritable mission dans cette ville. Mais il est un peu gâché par votre pitbull. Michèle Alliot-Marie prépare une nouvelle loi sur les chiens dangereux, tant mieux ! Mais voilà que je me mets moi aussi à aboyer ! Déguerpissons, je sens qu'il approche ! lol
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F
De quel pittbull parlez vous Christian ? Sincèrement je n'aurais pas pensé qu'un commentateur puisse en effrayer un autre à ce point que ce dernier n'ose plus poster.Si c'est aboyer qui vous gêne rien ne vous empêche d'aboyer aussi et même plus fort, c'est tout à fait autorisé sur ce blog. Mais le problème est-il là?
G
Je connais très bien le centre de Meaux, alors je suis très dubitative sur l'amabilité des franchisés de Meaux, j'ai souvent été très déçuecela ne m'empèche pas d'apprécier le boucher, le boulanger, le petit épicier qui sont très aimables, ainsi que les coiffeurs, salons d'esthétique de gym qui sont très commerçants aussipour ce qui est de boulangerie et de petite mamie, si vous parlez de celle du faubourg, n'oubliez pas de dire qu'elle est très gentille et que son mari fait sur commande des gateaux extraordinaires
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B
Puis-je vous suggérer d'admettre l'idée que je connais aussi le Val d'Europe? Et que je déteste ces endroits pour des raisons aussi subjectives que vous détestez les commerces de centre ville? Notez que j'ai bien écrit "je hais les hypers" et pas "les hypers sont haïssables" : j'a exprimé une OPINION certes tranchée, mais qui n'en est qu'une et pas un jugement de valeur.De toute façon, je n'aime guère les "franchisés" non plus, préférant - et de loin ! - les commerces indépendants. Pour l'alimentation, c'est le marché à 80% et "mon" épicier tunisien pour le reste (bien qu'il soit franchisé COCCY MARKET, mais il fait tourner sa boutique comme une épicerie traditionnelle). J'ai la quincaillerie du faubourg st nicolas pour les bricoles, j'ai un cordonnier, j'ai un marchand de produits électro ménagers, j'ai "le monde d'Arthur" qui me vend les livres au prix FNAC et me les commande en cas d'absence (délai de réception: environ trois jours; on peut fort bien attendre trois jours).Mon pain, c'est un boulanger du marché qui en vend de l'excellent, qui ne rassit pas de trois jours. Puis je vais chez la mamie de quartier, celle qui travaille le moins tout en faisant d'excellents produits pas chers plutôt que dans une "chaîne" meldoise à l'enseigne bien connue.Ce que je n'ai pas acheté au marché en viande ou charcuterie, je le trouve chez mes fournisseurs locaux, et c'est du bon.En plus tous ces gens me connaissent, connaissent mes goûts, mes habitudes, mes manies, ont un petit mot gentil pour moi, me font crédit en rigolant si j'ai oublié mon porte monnaie. Quand j'ai eu la grippe et 40 de fièvre pendant dix jours, mon épicier m'a livré quotidiennement et quand une vieille dame diminuée doit pousser son cabas trop lourd, il délègue un de ses fils pour la raccompagner. Il sait aussi refuser avec tact et gentillesse de vendre des choses manifestement inutiles à une autre de ses clientes qui perd un peu la tête. Moi qui avais un problème inextricable de chasse d'eau qui fuit, je l'ai résolu grâce à mon quincailler qui a demandé à un de ses collaborateurs, à une heure "creuse" de m'accompagner pour voir ce qu'il fallait changer.Ces gens là remplissent un véritable SERVICE SOCIAL qui coûte bien moins cher que les "aides à la personne". Des dizaines de gens dans chaque quartier ne parlent chaque jour qu'à leur fournisseur et on imagine ce qu'est une existence sans parler à quiconque? Franchement, ça vaut le "SBAM" des hypers, non? Quand il n'y aura plus que des grandes surfaces, on emmenera les vieux en VSL aux frais de la collectivité faire les courses dans les hypers, ou on les laissera mourir de faim? Pour les franchisés des grandes surface, il faudrait aussi se pencher sur la condition sociale des employés: salaires de misère, temps partiel non choisi, horaires décalés, bref tout ce dont on ne veut pas pour soi. Pour moi, ça compte.Et bien que je n'aime pas le réflexe "c'est mieux ailleurs" je préfère de beaucoup le système allemand où à part les commerces essentiels et de loisir tout est fermé le dimanche, ce qui permet aux salariés du secteur tertiaire de profiter de leurs gosses. Que je sache, les Allemands ne sont pas des médiévaux...Mais il est évident qu'en accordant des "dérogations" on crée de telles distorsions de concurrence qu'on ne laisse plus le choix aux autres!PS: mon choix de vie me permet de me passer de voiture - sauf quand j'en loue une pour quelques semaines, si besoin est, et me fait économiser environ 2.000 euros par an. Très largement ce que je perds par le (léger) surcoût à l'achat, et écologiquement plus éthique!
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N
Bonjour,Je dois dire mon etonnement sur le commerce a Meaux, et la comparaison avec Val d'europe, toute les chaines sont ouvertes le midi et aussi le lundi exactement comme les centres co, ladifference avec les centres c'est que vous avez affaire a des franchisés qui sont bien plus acceuillant et pls disponible que dans ces fameux centre co, mais biensur pour s'en rendre compte il faut venir voir et sortir des on dit....
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B
De toute façon, "ville dortoir" c'est un état, pas une insulte.On ne peut comparer une ville de 50.000 habitants qui plus est en périphérie d'une métropole énorme qui fait office d'aimant et d'autres métropoles, justement, comme Nantes ou Lille. Lille Roubaix Tourcoing ça fait 900.000 habitants dont environ 30.000 qui doivent "s'amuser" la nuit. en proportion ça fait combien?Le Meldois parti de 10 à 12h par jour de chez lui pour bosser - c'est une énorme proportion, il suffit de voir le trafic routier et ferroviaire - n'a pas envie de s'amuser le soir. Pas plus que le chômeur ou l'exclu terré dans son quartier dit "populaire" qui lui, n'en a pas les moyens
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