Comme un arbre dans la ville (2)
Publié le 4 Décembre 2006
Le précédent post était plus dans une approche "historicienne des villes". Il s'agit d'une introduction pour comprendre dans les grandes lignes, comment s'est faite la ville (dans son rapport à la nature). Ce post va s'attarder plus longuement sur ce qu'est la ville de Meaux aujourd'hui, et la position de la municipalité en matière de "nature" !
Plan O-xy-gène.
Un héritier des théories hygiénistes que ce plan ? Peut-être. Quoi qu’on n’a jamais perdu vraiment le fil du " plus d'air, plus de lumière... et beaucoup de verdure"! Le plan oxygène (son concept) ne doit pas dater de plus d'une dizaine d'années. Il s'agit d'une disposition du PLU, visant a améliorer "les espaces verts" (il ne s'agit pas vraiment de disposition écologique) : par la valorisation d'espaces verts existants et la création de nouveaux espaces de proximité. Grâce à lui on formalise aussi la notion de maillage vert : réseau de squares, de promenades, de jardins, etc.
La plus part du temps, on se contente d'entretenir les plantations et carrés de verdure déjà existants, et restants (notamment les "délaissés"). L'intérêt du plan oxygène reste d'avoir concrétisé d'une certaine manière la problématique des espaces verts en ville, et la demande des citadins d'en avoir plus.
A Meaux, ces 5 dernières années de gros efforts on été fait sur les espaces vert, allant du plus (l'aménagement de la zone naturelle, parc Chenonceaux) au moins heureux (square Daniel Ceccaldi, aménagement des berges de la Marne), et le plan oxygène y est en partie pour quelque chose (je pense).
Cependant je trouve la position de la ville face à ses espaces verts ambiguës. Ou quand volonté de faire la "ville verte" se heurte à l'oubli de l'espace public et l'économie des moyens...
"Un arbre" : Du symbole de la nature en ville, à l'état d'accessoire délaissé et dédaigné.
J'en viens à ce qui a entraîné cette réflexion. L'arbre, comme image de la nature en ville.
Les alignements d'arbres le long des rues, des boulevards, sont un héritage du XIXe siècle*. Tout le monde a intégré l'image de la rue bordée d'arbre. Mais depuis quelques années, "l'arbre de la rue" a été plus ou moins mis au ban de l'aménagement urbain. Pourquoi? Selon moi, et pour l'avoir observé, l'une des cause principale serait tout simplement parce qu'il coûte cher aux collectivités locales (on en revient toujours là)! Cher à l'achat (les arbres ont déjà une 10aine voir une 20aine d'année, et donc leur prix va en conséquence), mais aussi cher à l'entretien (la taille régulière des branches, ramassage des feuilles, et la main d'oeuvre que cela demande). Mais un arbre est aussi un organisme vivant !
Et puis les arbres des villes ont aussi leur "mauvais cotés" : avez vous déjà glissé sur une feuille morte à l'automne ? Buté ou trébucher sur une racine qui aurait défoncé un trottoir ? Garé votre voiture sous un marronniers ? ... pas très agréable tout ça. Mais on a pris en considérations ces accotés et, par exemple, on ne plante plus d'arbre à racines de surface (plus de trottoirs bosselés et défigurés), on laisse les branches pousser naturellement (plus de taille qui laissent des arbres avec d'affreux moignons en guis de branches!), on utilise aussi des arbres aux feuillages persistants, moins hauts (adieux platanes et marronniers), sans fruits ou fleurs "salissant" l'espace public ou les voitures... Ceci dit, l'arbre à l'alignement n'a plus vraiment la côte ni la priorité au sein des villes... sauf en pot semble-t-il !
Le syndrome de l'arbre en pot.
Avez vous déjà vu les jardins de l'Orangerie à Versailles ? Non ? Je vous conseille d'y aller au moins une fois. C'est sans doute de ce type de jardin qu'ont été inspirés les arbres en pot de nos villes. Entres citronniers, orangers, palmiers, et autres arbres exotiques, la fonction première de ce type de jardins est d'être une collection vivante. Collection que l'on conserve enfermée (dans des serres parfois) l'hiver et que l'on sort aux beaux jours.
La mode des arbres en pot en ville doit dater d'une 20aine d'année, avec l'aménagement des centres villes et le phénomène des jardinières en béton (que j'ai toujours personnellement trouvé d'un goût douteux). Dans les faits, ces arbres en pots, qui peuvent être des palmiers (mais pourquoi vouloir mettre des palmier dans les rues, sous nos latitudes ?), sont aussi la plus part du temps d'essence plus banales. A Meaux ils y en a quelques uns : place du marché et sur les quais et peut-être ailleurs.
Par rapport aux arbres enracinés dans le sol de la ville, on avance un côté plus pratique, une esthétique (faussement chic). Mais trois palmiers le long d'une rue ne font pas Versailles ! Et il serait faux de croire que parce qu'il sont "transportables", ils changent de place à volonté (ça c'est le mythe de tout ce qui est temporaire et mobile et qui "reste").
Pour l'anecdote, il était question à un moment de transformer la place Henri IV en une place minérale (plus pratique lors des manifestations), et faire disparaître les arbres enracinés aujourd'hui dans les espaces de terre, par des arbres en pot. Heureusement ce projet est dans les cartons (qu'il y reste!). Alors que cette place pourrait être considéré aujourd'hui comme un espace vert majeur de Meaux (en tout cas l'un des plus fréquenté). Et même si cette place était à refaire...
Des moyens existant mais coûteux.
La ville de Meaux peut se targuer d'avoir un service espace vert des plus performants. Les jardiniers, les serres, sont de bons atouts pour la ville. Moyens coûteux (on va croire que je ne pense qu'à l'argent), et pas toujours biens utilisés me semble-t-il ; J'y reviendrais en consacrant un ou peut-être deux articles, les beaux jours revenus, sur le fleurissement de la ville de Meaux.
Et puis la ville a un patrimoine vert, mais dont j'ai l'impression qu'elle ne sais pas comment (ou quoi) faire avec ! Ainsi, on pourrait certainement remplacer les arbres malades, vieux, ou créant les nuisances déjà citées précédemment. Mais non ! Ou si, mais difficilement ! C'est frappant pour l'avenue du 18 juin 1944, dont on a souhaité conserver les platanes du terre-plein central, alors que des années de coupe au carré les ont rendus pour le moins disgracieux ! Idem avec les grands peupliers d'Italie du jardin des trinitaires, les marronniers du cours Pinteville. La ville semble vouloir conserver les arbres existants coûte que coûte, même si leur place en ville est discutable, partagé certainement entre la raison du coût et possiblement les réclamations des gens (de conserver des espaces verts, des arbres à valeur historique même moribonds...). A côté de ça certaines rues, certains espaces public qui pourraient accueillir des arbres, restent nus (je pense au cour Pinteville, la rue des Ursulines, la place Jean Bureau, l'avenue Allende...). Cela va de paire avec une réflexion sur l'espace public, dont j'ai mis plusieurs fois en doute l'existence sur ce blog (mais ce n'est pas seulement la ville de Meaux qui est concernée).
Si on conserve un patrimoine vert, on le fait peut-être trop. Si on refait, on fait partiellement. Et si on crée, ce n'est pas dans une vision globale de la cité. Au final, il manque à Meaux, une ville qui se prétend "ville verte", peut-être juste une réflexion sur son espace et le rapport qu'elle entretient à la nature! Mais voilà peut-être un point futur de réflexion pour l'avenir...
* les arbres, le long des "routes royales" (comme la RN3 à Meaux) déjà au XVIIe siècle, avant toute considération esthétique, sont plantés le long des axes routiers dans le but d'apporter de l'ombre aux voyageur (et en parti "signaliser" les axes)