Fiers de nos histoires...
Publié le 23 Mai 2006
"MEAUX, FIER DE NOTRE HISTOIRE..."
Quel drôle de slogan que la municipalité a inventé là !
Et puis "FIER" pourquoi ? Je n'aime pas ce mot. Aujourd'hui on est fier pour un rien. De tout et n'importe quoi. Ce sentiment semble devenir un véritable devoir : "SOYEZ FIER !" Alors on est fier de son voile, de sa croix, de sa laïcité. De sa sexualité ou de sa non-sexualité (c'est à la mode ces derniers temps). Fier d'être ceci ou cela. Fier de se contenter d'exister. Bientôt on pourra être fier de sa connerie ! Et je vous rassure on est en bonne voie. Moi, je croyais que l'on pouvait être fier de ce qu'on réalisait : d'une œuvre, d'un travail, d'une carrière, de sa réussite ou de celle d'un autre. Bon mais dans une société ou le paraître à pris le pas sur le faire...
Bref, à Meaux on est FIER de NOTRE histoire !
Mais de quelle histoire ? Et l'histoire de qui ? Je suppose que l'on parle de l'histoire de la ville et de ses habitants, mais qui à Meaux a encore des ancêtres ayant participé à cette histoire. Je ne suis pas sur qu'il y ai une lignée meldoise plus vieille de 2 siècles habitant encore la ville ; ce qui est déjà beaucoup ! Mais ça ne forme certainement pas l'essentiel de la population actuelle de Meaux. La ville comme toutes celles de la banlieue (proche et grande) de Paris, est un foyer de métissage, d'accueil pour des habitants venus de partout de France et du monde. La population de la ville se renouvelle perpétuellement au rythme des arrivées des nouveaux habitants.
Alors est-ce une si bonne idée de fédérer sous la bannière de l'histoire de la ville, des gens aux origines toutes différentes ? Je me permet d'en émettre un énorme doute, surtout en connaissant ce qu'est l'histoire de la ville. Et cette histoire c'est "violence". La violence des guerres de toutes les époques, des massacres auxquels se sont prêté les religions et les révolutions, des invasions barbares... La ville, passive et soumise, a plus subit l'histoire qu'elle n'y a participé activement ; y compris pendant les guerres.
Et ce qui reste des temps de paix sur la ville fait figure de peau de chagrin. Entre destructions volontaires et accidentelles (des moulins, des espaces publics du XIXe siècle, des édifices du moyen âge, jusqu'aujourd'hui dans la destruction des barres et des tours de Beauval ou les réhabilitations barbares des immeubles anciens du centre ville), mais aussi occasions ratées (de faire entrer dans le patrimoine meldois le projet de cité radieuse de Le Corbusier pour Beauval par exemple), quel est l'héritage de la ville ?
Enfin, je me demande encore ce qui a motivé les élus à nous imposer une devise si naïve (au regard de ce que j'ai avancé d'arguments précédemment) et vide de sens. Que la ville mette en valeur son histoire est une chose. Qu'elle en fasse son moteur me semble mauvais. On ne fait pas du neuf avec du vieux comme ont dit. Et on ne peut pas aller de l'avant en regardant trop en arrière.
Alors que de continuer de nous mettre sous le nez un passé qui ne nous appartiens pas de toute évidence, si on essayait plutôt de faire l'histoire à venir, l'histoire de la ville, ensemble aujourd'hui et en regardant dans la même direction ! (Tiens, si c'était ça faire la ville?)
:-)