Référents de proximité : "l'expérience" limite...

Publié le 15 Septembre 2008

Jean François Copé a voulu ses sentinelles de quartier des référents de proximité, c'est chose faite.

"Expérimental" parait-il (en fait il y a eu d'autres exemples du genre dans d'autres villes), ce projet présenté comme utile et citoyen semble bien plus flirter avec la politique sécuritaire de la municipalité, fonctionnant déjà bien à Meaux.
Qu'est-ce que ce nouveau réseau, organisé autour du cabinet du maire, va produire ? Quelle action il va en sortir (de la police privée? du social ?) ? Et comment nous, habitants, allons pouvoir juger de l'efficacité de ce système ? Est-ce qu'il n'y aura pas de dérives ? On ne sait pas. Seul le cabinet du maire saura...


A lire ci-dessous, l'article du Parisien d'aujourd'hui (15.09.2008)

169 BENEVOLES VONT QUADRILLER LA VILLE
(par Valentine Rousseau)


"Les 169 référents de proximité installés vendredi s’engagent à relayer auprès du cabinet du maire les soucis de leur immeuble, de leur rue, de leur quartier.

Ils sont tous repartis avec leur dossier sous le bras, fiers de servir leur ville, animés par l’envie de se rendre utiles. Vendredi soir, Jean-François Copé a installé les 169 référents de proximité, une promesse électorale. L’idée était venue d’un habitant, qui souhaitait que la population puisse faire remonter ses doléances de manière plus efficace en mairie.

Le député-maire, qui chérit depuis quelques années les mots « fraternité, solidarité », avait lancé un appel à candidature pour recruter à l’origine des « sentinelles ». Mais le nom a effrayé, rappelant les délations des années 1940. La mairie l’a changé en « référents de proximité ».

Des 175 candidatures, le cabinet du maire en a conservé 169. « Je ne veux pas de tri, je veux voir comment chacun va s’impliquer, justifie Jean-François Copé. Cette expérience est sans doute unique en France. Mais faites comme moi, n’ayez pas la grosse tête, n’imaginez pas tout résoudre. Quand quelqu’un vous soumet un problème, notez-le en disant que ce sera difficile. »

« S’occuper de manière utile »

Le maire cite à plusieurs reprises l’exemple du « trou dans le trottoir » à signaler. « Vous pouvez aussi être utile à une personne dépressive. Il existe beaucoup de gens déracinés, qui n’osent pas parler de leurs problèmes. »

Mais pointer son nez dans la vie des autres n’emballe pas tous les référents. « Les problèmes de voisinage sont toujours subjectifs, je refuse de me mêler de la vie privée des gens », proteste une habitante du quartier de Beauval. Un autre estime que ce n’est « pas la gloire » d’être référent : « On va rapporter en mairie ce que les services municipaux n’ont pas fait et nous ne sommes pas à l’abri de dénonciations abusives. »

A part ces réticences, globalement, les référents repartent avec le sourire. Un policier à la retraite a envie de « s’occuper de manière utile ». Une institutrice de ZEP veut rendre service. « Si une famille ne peut plus payer la cantine du petit ou l’étude, je peux demander de l’aide à la mairie. » Une mère de trois enfants aimerait une aire de jeux au pied de son immeuble. Une fois la présentation terminée, une main se lève dans la salle : « Sommes-nous inscrits dans le fichier Edvige ? » Rires. Boutade de Copé : « Si vous y tenez, je peux en parler à qui vous savez. J’ai des relations. » "

Rédigé par F.B.

Publié dans #351 Sécurité

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C
Je me pose une question au sujet du fameux nid de poule. Si, pour une raison quelconque, le référent du coin ne le signale pas et qu'un enfant se casse une cheville ou une jambe en passant dessus, qui est responsable ? Le référent ? Si un père qui habite dans l'immeuble d'un référent bat son enfant jusqu'à la mort, et que le référent ne signale rien, qui est moralement responsable ? Le référent ? Non, évidement. Le référent est une personne "responsabilisée" par le maire mais par principe juridiquement irresponsable. C'est juste un "bidule" pour faire croire aux gens qu'on s'intéresse à eux, alors qu'on s'intéresse juste à leur bulletin de vote. En tout cas, c'est une bonne machine pour déresponsabiliser les citoyens et faire reculer la démocratie directe.
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F
Article du PARISIEN, par Valentine Rousseau | 19.10.2008, 07h00  : http://www.leparisien.fr/paris-75/meaux-ils-rapportent-tout-au-maire-19-10-2008-281420.php"MEAUX : ILS RAPPORTENT TOUT AU MAIRE169 habitants volontaires de Meaux sont chargés de signaler au maire les problèmes de leur quartier. Jean-François Copé (UMP) compte sur eux pour améliorer l’efficacité de ses services. Certains redoutent les dérapages. Premier bilan.STATIONNEMENT intempestif au pied des immeubles, chaussée en mauvais état, vitesse excessive dans une rue, une aire de jeu qui fait défaut… Voilà la teneur des 400 signalements remontés au cabinet du maire de Meaux en cinq semaines. Et cela grâce aux tout nouveaux référents de proximité -le terme a été préféré à celui de « sentinelle »- mis en place le mois dernier par Jean-François Copé, le député-maire UMP de cette ville de 50 000 habitants. Ces 169 habitants, tous volontaires, servent de courroie de transmission entre les quartiers et l’hôtel de ville. Le maire les invite à signaler tous les problèmes rencontrés dans la ville, du trou dans un trottoir à la famille en détresse. Ce que peut déjà faire n’importe quel citoyen à titre personnel.« Une présence publique intelligente, moderne, réactive »« On a systématisé une présence publique intelligente, moderne, réactive, se félicite Jean-François Copé. J’ai voulu responsabiliser les habitants, dans tous les quartiers, pour couvrir la totalité de la ville. »Risque de dérapages ou de dénonciations abusives ? « J’évaluerai les résultats au bout de six mois, poursuit l’élu, mais chaque référent se doit d’être pleinement citoyen. »Les volontaires dépendent de leur comité de quartier et donc d’un élu. Et contrairement au citoyen ordinaire, ils ont le privilège d’avoir un accès direct au cabinet du maire, par téléphone ou par Internet grâce à un code d’accès.Les deux tiers des référents ont déjà fait des alertes. Sur les 400 reçues en mairie depuis le début de l’expérience, 300 ont eu des réponses positives… ou négatives. Laurent Lobjeois, habitant du quartier populaire de Beauval, a demandé davantage d’aires de jeu pour les enfants et signalé un manque de places de stationnement.« Je n’ai pas eu de réponse à ce jour, il doit y avoir des cas plus urgents à traiter. » Cet employé municipal de Lagny est fier d’avoir pu obtenir des bacs à fleurs au pied de son immeuble, pour empêcher les voitures de se garer sous ses fenêtres. Horia, femme de ménage de 50 ans, n’a pas bien compris le système.« Je pensais que c’était aux habitants de me contacter, qu’ils avaient reçu un courrier nous présentant. Je n’ai donc fait aucune alerte. »D’autres, comme Christophe, sont déçus. « Je me suis rendu compte que c’était la cour de Copé, des personnes qui voulaient le remercier en agissant pour leur ville. Je suis allé à la première réunion du comité de mon quartier, les référents parlaient de leurs propres soucis. C’était affligeant. » "
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B
Face à un problème de maltraitance, il y a un seul réflexe à avoir: le signalement social et/ou judiciaire, à des personnels compétents et astreints au secret professionnel! Sûrement pas à des sentinelles missionnaires dont on ne connaît ni les capacités personnelles, ni les aptitudes à la discrétion et dont l'équilibre mental n'a été évalué par personne, de même que les compétences juridiques.A noter à Meaux, l'aide aux victimes, présente au commissariat. Je ne sais si ça marche effectivement, mais l'idée est bonne. D'accord avec Fabien, pour le soutien aux associations RECONNUES sur le plan national et disposant d'un agrément
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F
<br /> Je ne comprends pas que les élus impliqués soit dans la vie associative, soit dans le social, soit dans le milieu médical, n'aient pas été plus attentif à ce projet... enfin de toute<br /> manière l'objectif des référents il n'est pas de faire vraiment du social. C'est juste un prétexte artificiel et un peu cache misère à un plus simple projet de politique sécuritaire aupres des<br /> citoyens.<br /> <br /> <br /> Tiens je m'en va un peu faire de morale, avec une citation :  "Une vérité énoncé avec de mauvaises intentions surpasse tous les mensonges de l’ imagination" (William Blake)<br /> <br /> <br /> <br />
B
J'attends avec impatience qu'une de ces "sentinelles", nouvelle version des "commissaires du peuple" qui étaient une des marques de fabrique des gestion bien stals de certaines de nos villes rouges (gestions qui n'avaient d'ailleurs pas que de mauvais côtés sur le plan social, mais que la droite dénonçait à l'époque comme liberticide, parfois à juste titre), j'attends donc qu'elle vienne sonner à ma porte pour solliciter mes avis, mes dénonciations, mes opinions... je lui souhaite bien du plaisir et ça va fumer, si d'aventure cela survient!Personnellement, quand j'ai quelque chose à dire, je le dis moi même, à qui de droit (en l'espèce, les élus ou les services), sans intermédiaire, en indiquant mon identité et de préférence par écrit pour prendre mes responsabilités et laisser une trace. Il se trouve en outre que pour avoir pratiqué de cette manière à maintes reprises, ma démarche a toujours été couronnée de succès à Meaux (et ce n'était pas le cas partout, dans une existance plus que nomade) Preuve que les services locaux ne fonctionnent pas si mal que ça contrairement à ce que cette démarche laisse entendre  et pallient le peu de présence (hors période électorale) d'un maire à temps très partiel qui ne réside pas sur place et consacre environ un après-midi par semaine à sa (grande) commune.J'ai bien aimé le chapitre sur "le soutien aux dépressifs" Il fallait faire dix ans d'étude pour être psychiatre,... à Meaux il suffira d'être intronisé par M. le Maire au cours d'une réunion! Notable économie, qui est à inscrire dans le cadre de la RGPP?
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F
<br /> La municipalté ferait sans doute bien mieux d'accentuer ses efforts pour soutenir les actions des associations et organismes sociaux, formés pour répondre aux problèmes des gens, que le dispositif<br /> des référents est sencé considérer.<br /> <br /> Mais que peux faire un référent face a un probleme d'enfant maltraité, ou de violence conjugale? et que fais le cabinet du maire dans un cas comme celui-ci : rien si ce n'est contacter les<br /> services concernés. Que la mairie donne l'occasion par exemple a des asociations comme SOS femme battues de mener une campagne d'information, de communiquer (ou autre). plutot que perdre son<br /> tempsavec ces référents, qui apparement débordent d'occupation les élus !<br /> <br /> <br /> Oh et puis apparement la prochaine occupation de Jean François Copé va être de mettre le nez dans le commerce meldois... Ily a des chances pour que le commerce ne s'en releve pas...<br /> :p Déjà qu'il n'était pas brillant à la base ^^. Et en plus c'est bientot la foire de Meaux.<br /> <br /> <br />
J
Au pire une milice au moins une antenne clienteliste dans chaque quartier!Tous les citoyens qui s'interressent au fonctionnement de leur ville font déjà remonter des informations sur les éventuels disfonctionnement qu'ils rencontrent; je ne vois donc pas l'interêt de créer des "referents de quartier". Devrais je dorénavant pour m'adresser à mon élu(e) passer par mon referent qui lui même transmettra au cabinet du maire qui décidera si oui ou non l'élu(e) concerné peut recevoir l'information que je lui destinais?Je pense JFC trop intelligent pour avoir inventé une telle usine à gaz. Par contre l'appelation d'origine (sentinelle) dit bien ce à quoi il pensait. Il s'agit bien d'une milice chargée d'informer le pouvoir en place! Bien sur, la majorité des info transmises auront trait à des problèmes de lampadaires ou de nid de poule mais qui empêchera a un referent au départ enclin à la delation de se sentir investit d'une mission sécuritaire?L'idée selon laquelle les referents peuvent signaler des souffrances que les concernés n'osent pas signaler eux mêmes semble louable mais quid de la liberté de chacun d'avoir une vie privée? Je n'ai pas envie qu'un referent aussi bien intentionné qu'il soit, prenne l'initiative à ma place de signaler mes difficultés au cabinet du maire.Où sont stockées les informations reçues? Avons nous une possibilité de contrôle des informations nous concernant? Les referents disposent d'une page internet; existe-t-il une base de donnée recensant les cas signalés? Elle t elle déclarée à la CNIL? La police nationale a ses "citoyens volontaires"; JFC a ses "referents de quartier". Pour moi du maillage sécuritaire et delationniste de notre ville.Evidemment le referent etant présentant comme bénéficiant d'une écoute attentive de la mairie, il pourra proposer son intercession à ses concitoyens qui une fois le service rendu, n'auront plus qu'à renvoyer l'ascenseur le jour du vote.
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