Muzik'elles 2007 (5) : Un bilan du festival.

Publié le 27 Septembre 2007

Bilan ? Content :-D. Je ne peux que m'associer au concert de louange des uns et des autres. De la presse entre autre. Les Muzik'Elles depuis leur création rencontrent chaque année un succès grandissant. Le temps y a été aussi pour quelque chose cette fois ci. Et tant mieux. Le spectacle est vraiment de qualité. Que demande le peuple ?

Donc nous avons eu un très beau festival, un succès, mais peut-on parler de réussite ?



Et pourquoi les Muzik'elles c'est bien, déjà ? Revenons sur les + de ce festival 100% féminin.

Les Muzik'elles c'est d'abord une grosse machinerie faite pour la musique et pour le spectacle. Et pour Meaux, les moyens techniques mis en place et le soin qui est apporté à l'accueil des festivaliers autant que des artistes, qu'à la com', qu'à la présentation générale... est assez impressionnant. Et parce que c'est Meaux ce n'était pas forcément gagné ! Donc, de ce côté là, effectivement, le festival est une réussite.

Pour la programmation aussi on peut parler de vraie réussite !
Parce que les organisateurs on su rendre la programmation populaire, en faisant venir des grands noms - cette année Zazie - et inclure des artistes qui s'adressent d'ordinaire à un public plus spécialiste (est-ce le bon mot ?) un public d'amateur, de connaisseurs. On pourrait dire bobo (si on veut être un peu méprisant) ou parisien. Plus élitiste. Mais élitiste dans le bon sens du terme. Et c'est bien de faire venir ces artistes aussi, à Meaux, parce que ça montre un niveau d'exigence de la part des organisateurs, qui ne se retrouve pas forcément ailleurs. Et ailleurs dans d'autres festivals. Donc faire venir Kaki King et en même temps Zazie, et aussi Superbus, et Biyouna...
pour moi ça veut dire qu'on ne se fout pas de la gueule des gens qui vont assister au concert. Et ça c'est bien ! Ça c'est de la culture !

C'est une réussite aussi, et je l'ai dit, parce qu'on est à Meaux ! D'habitude je suis plutôt désespéré devant le manque d'exigence en matière culturelle dans ce que peut produire la ville, mais là je ne peux que me réjouir de l'ambition culturelle de ce festival. Bon mais en faite c'est là que je mettrais un bémol, puisque le mérite du festival ne revient pas vraiment à la ville, mais aux organisateurs du festival. Et rien ne rattache vraiment ces derniers à la ville. C'est ce que je reproche principalement au Muzik'Elles : le festival n'appartient pas vraiment à la ville. Encore moins aux habitants. Si les Francofolies c'est à La Rochelle, le Bruit de Melun à Melun, qui dit que les Muzik'Elles demain ne pourront pas se faire ailleurs qu'à Meaux ? Qu'est-ce qui les empêcheraient d'être itinérantes ? Les artistes le sont déjà. Et ça m'avait marqué l'année dernière de voir de festivals en festivals les mêmes noms. Cette année par exemple Olivia Ruiz était à la fête de l'Huma, Zazie à la foire de Chalons...
Reste que si on trouve les mêmes artistes, les mêmes tours de chant, les Muzik'Elles se distinguent par la création, et la carte blanche donnée à deux artistes, pour deux spectacle. Et ça c'est vraiment intéressant !
Bon mais on est toujours d'accord c'est une exclusivité "Muzik'elles", pas une exclusivité "Meaux". C'est le talent des organisateurs pas celui de la ville.



Et c'est là que l'on attaque les - de ce festival.

Alors il s'agit plus de "peut mieux faire", de choses à améliorer, que vraiment de vraies choses critiquables. Je ne condamne pas le festival, je pense que c'est une très bonne chose en soi et pour la ville. Seulement je note que si les organisateurs de l'évènement ont de l'exigence pour le festival, la ville de Meaux n'en n'a pas assez pour elle même et ne se montre donc pas à la hauteur de l’évènement qu'elle accueille.

Déjà il me semble important de se demander ce qui rattache le festival à la ville ? Et comment, par quels moyens la ville, s'investit et s'approprie les Muzik'Elles ?

Pour la première question la réponse que j'avancerais c'est : Jean François Copé. Si il a apporté quelque chose à la ville, de nouveau, c'est ce festival. Et sans doute, par son réseau de connaissances. Normal qu'il s'en attribue les mérites et qu'il en tire profit pour sa gloire personnelle. Cela justifie son intervention sur scène, même si elle est plus que moyennement appréciée par les spectateurs (ce que je disais dans la note précédente : "Copé hué") Enfin je dis ça mais je me trompe peut-être. J.F.C. n'a peut-être rien à voir avec la venue du festival à Meaux. Enfin j'ai quand même de fortes présomptions.
A noter aussi, chose qui affirmerait ma pensée, c'est que la vraie différence entre les Muzik'Elles et les autres festivals c'est que cet évènement ne vient pas d'une initiative locale associative. C'est vraiment un évènement "clé en main", fabriqué pour lui même et pas en relation ni avec le lieu, ni avec la population, ni avec le milieu associatif.  Et pourtant on va trouver des bénévoles et même en nombre. Et pourtant on va trouver sur le village du festival des stands associatifs. Oui mais, le festival ne trouve pas son origine à Meaux ! C'est une animation qu'on a apportée et qui "profite" des habitants, qui profite du milieu associatif. Ceux là n'ont aucune prise sur le festival. Ils ne décideront pas. D'un côté tant mieux, c'est sans doute le gage de qualité et de professionnalisme des Muzik'Elles, mais pour d'autres choses c'est dommage. Et si on profite d’eux, eux que prennent-ils au festival ?

Quand je dis profiter, on pourrait parler d'argent. Parce qu'il y en a pas mal en jeu sur ce type d'évènement. Beaucoup dépenser par la ville, beaucoup dépenser en publicité par les sponsors, pour la machinerie, pour les artistes, mais de ce que je sais : très peu en retour pour la ville. C'est presque comme un feu d'artifice... raison de plus pour essayer qu’un maximum en profitent (au passage 21 000 festivaliers sur 3 jours sur 70 000 habitants rien que pour Meaux et son agglomération je trouve ça peu). Donc je ne cherche pas à polémiquer dessus, ça doit être quand même intéressant de savoir comment est réparti l’argent. Je ne m'épanche pas trop sur la question, j'ouvre la réflexion. On verra.
Par contre quand je dis que la ville n'a pas vraiment de retour je ne parle pas que d'argent, ou pas directement.

C'est la seconde question :
comment la ville s'approprie la manifestation ?
Bien déjà en payant. Avec une enveloppe à hauteur d'1 M d'euro environ. A titre d'information, ça représente le prix d'une passerelle, d'un giratoire, les salaires annuels versés à plusieurs employés municipaux, autant de subventions pour le milieu associatif, etc. Et puis ensuite en mettant la ville à disposition des organisateurs : son stade, ses parkings, ses voies de circulations, etc. et des bénévoles ! Mais les bénévoles qui sont aux Muzik'Elles ne sont pas forcement dans le rôle des bénévoles du spectacle historique par exemple (même si ce sont les mêmes). Dans le spectacle historique les bénévoles sont actifs, se sont les acteurs du spectacle. Aux Muzik'Elles être bénévole c’est faire la surveillance, la billetterie, la technique un peu. Les bénévoles ne sont pas dans le spectacle. Dans le spectacle historique il y a une part de vrai investissement, avec la récompense qui est qu'on oeuvre a quelque chose qu'on crée en commun, et que l'on vient voir cette oeuvre commune. Pour les Muzik'elles ce n'est pas le cas. Le travail fournit par les bénévoles est accessoire dans le spectacle, on vient pour les artistes... même si il est certain que sans les bénévoles le festival se montrait beaucoup plus difficilement.

C'est là je pense le grand manque de ce festival : être le projet commun d'un grand nombre d'habitant. Dans lequel il y aurait un véritable investissement des habitants. Un projet.


muzikelles200701.jpg



Quel(s) projet(s) ?

Et bien par exemple, ça pourrait  être pour les écoles de musique (conservatoire et harmonie) de jouer pendant un concert avec une ou plusieurs artistes, des morceaux répétés pendant les mois précédents. Une sorte de finalité au travail des musiciens amateurs. Les écoles de musique sont assez sous exploitée de ce côté je trouve. Enfin école de musique ou chorale, ou écoles tout court...

Ça pourrait être investir dans la scène musicale locale en offrant des vrais lieux où les artistes locaux ou régionaux pourraient à la fois répéter (il y a les studios musique, mais bon, et la MPT aussi) et se produire régulièrement. Des lieux qui manquent cruellement dans la région. Dans l'objectif d'avoir un
Festival Off, solide, qui assure, et qui ne fais pas que de la figuration. Ça me peine un peu pour les artistes (rock, jazz, autre) qui se sont produit en Off pendant le festival surtout que j'en connais, mais c'est ça malheureusement. On se fiche un peu d'eux le reste de l’année, mais là on en a besoin, donc on fait appel à eux...

Ça pourrait être encore une réelle motivation des commerçants à s'investir dans le festival et par exemple assurer l'animation de la ville exceptionnellement le dimanche. A part Mag.Ma je n'ai pas vraiment vu d'opérations « spéciale Muzik'elles » chez les commerçants. Les vitrines auraient pu être mises aux couleurs de l’évènement. Ils sont en parti excusés, on ne les y a pas non plus encouragés.

Aussi le rôle des associations. Je sais qu'il y a eu quelques "discutions débats", mais qui apparemment ne concernait pas tout le monde pendant ce festival. Une discussion sur la musique comme produit marketing je crois. Des rencontres aussi entre artistes débutant et confirmés. Il est très dommage que ces débats ne soient pas plus largement ouverts au public. Qu'il n'y a pas d'autres choses exprimées autour. Qu’on n'en parle pas plus. Je l'ai certainement déjà dit mais un festival dédié à la femme devrait être l'occasion pour celle-ci de prendre la parole. Des sujets politiques et sérieux, philosophiques, ou complètement futiles. Peu importe.


Le but dans tout ça, toutes ces propositions, c'est que la ville (les habitants) profitent de l'évènement pour organiser d'autres choses. C'est ça le festival off. Si le festival Off est organisé par le vrai festival est-ce que ça a du sens ? C'est ça s'approprier vraiment un évènement. Et il faut se l'approprier. Le risque sinon ç terme : que le festival périclite (pour cause de changement politique, pour cause de démotivation, de non renouvellement, d'abandon des organisateurs du festival...). Et l’investissement actuel (et là je parle d’argent), mériterait a lui seul qu’on s’accroche  et qu’on ai encore plus d’ambition pour ce festival.



Parler de succès je suis tout à fait d'accord. Parler de réussite je crois qu'il faudra encore attendre.


Il y a beaucoup de choses dont je n'ai pas parler concernant Les Muzik’Elles. Je compte sur vos commentaires pour continuer sur le sujet. Vos témoignages sont également bienvenus. ;-)

Rédigé par F.B.

Publié dans #790 Arts du Spectacle

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article