Journées du patrimoine, visite d'un chantier de fouilles archéologiques

Publié le 16 Septembre 2007

Un temps d'été pour le week-end. Grand ciel bleu. Soleil. Et presque 30°C dans l’air. La plage est fermée depuis le 26 août mais ça n'aura pas empêché certains d'aller faire trempette. Enfin attention à vous ! C'est à vos risques et périls, la baignade n'est plus surveillée !

De mon côté j'ai profité des journées du patrimoine, et à Meaux j'ai visité le chantier de fouille archéologique ouvert pour la circonstance, au 25 rue Saint Fiacre face à l'hôpital, sur le site d'une future opération immobilière (Bouygues).

Le beau temps y aura certainement participé, mais arrivé pour 14h je n'étais pas seul à avoir fait le  déplacement. Et les groupes dix- quinze personnes se sont succédés pour voir les découvertes des archéologues de l’INRAP (
http://www.inrap.fr/).



J'ai été très agréablement surpris par cette visite. C'est formidable tout ce que l'on peut voir dans quelques restes de maçonneries et deux trois trous dans le sol. Les explications des archéologues sur place ont joué pour beaucoup dans le rendu de l'image de l'ancienne voie romaine qui passait là, bordée de maisons qui abritait des forges et au moins un four de potiers. Des scories, des tuiles, des os d'animaux, d'anciennes caves si bien conservées qu'on les croirait datées à peine du siècle dernier... J'en redemande ! Vu les questions des visiteurs adressées aux animateurs de la visite, je ne dois pas être le seul dans ce cas là.

Ces découvertes, qui nous viennent de quelque part entre le Ier et le IIIe siècle nous laissent frustrés. Au moins autant que les archéologues. Hélas beaucoup de questions sur la nature des découverte, sur l'activité métallurgique du site et son importance, son rôle dans la société de l'époque restent en suspend.

J'estime qu'il est bien d'imposer les fouilles archéologiques sur les sites de construction. Même si cela est vécu comme une contrainte inutile par les promoteurs, cette démarche est nécessaire et loin d’être superflu.
Mais à quoi servent réellement ces fouilles, faites dans un temps si court ? Et surtout qu'en reste-t-il après ?

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Il faut savoir que le gros du travail des archéologues est de "nettoyer", récolter ce qui se peut, photographier, dessiner, étudier... et au fur et à mesure, tout ce qui est trouvé est soit récupéré (si il s'agit d'objets par exemple) soit, et c'est le cas la plus part du temps, détruit. Ce sera le cas des fours de potiers, découpés à fin d'être étudiés. Le reste est livré aux pelleteuses du chantier de BTP qui démarrera, pour ce qui est de celui-ci en fin d’année (les fouilles s’arrêtant au 15 novembre).

Si la plus part des traces sont soit recouvertes, soit détruites, que reste-t-il effectivement après les fouilles archéologiques ? Et bien des dossiers, des notes, quelques objets (la plus part détritus d'un autre temps). Qui finiront dans un musée ? Il y a peu de chances. Dans des réserves plus certainement.

Mais le plus ennuyeux est que la ville, elle même, n'en gardera rien. C'est la que le "Fiers de notre histoire" perd une fois de plus tout sens (pour peu que cette devise en a eu un jour). Au grand désarroi des amateurs d'histoire locale. Ou des gens intéressés, voir des passionnés, du patrimoine. Manque de volonté encore une fois. Car cela demanderait peu de moyens de faire un geste envers le patrimoine local. Un geste pour sa mise en valeur, par lequel la ville et la communauté gagneraient forcément.



Tiens quelques idées...

J'avais déjà par exemple évoqué le fait d'intéresser le service patrimoine de la ville, aux conditions d'attribution des subventions de rénovations des façades anciennes. Le décor architectural de la ville s'appauvrit à cause de rénovations parfois barbares (remplacement de portes anciennes a ferroneries par de simples portes PVC…). Un avis, sur tel objet de ferronnerie ou tel élément d'une corniche décorative, de publicité peinte à conserver, à condition de subvention, serait tout à fait intéressant il me semble et un plus indéniable pour la ville.

Sur les chantiers archéologiques. Qu'il s'agisse de chantiers du à un permis de construire, ou de sites comme la Bauve, la ville pourrait permettre, par le biais du service patrimoine encore, des écoles primaires, des lycées ( !), de la médiathèque, que sais-je, la création pourquoi pas d’un fond d'étude : chargé de collecter pierres, relevés topographiques, historiques, plans, réserve lapidaire, réserve de mobilier, etc. Ce fond serait ouvert au public (en intégrant à la médiathèque par exemple, même dans d’autres locaux) mais surtout accessible aux chercheurs, permettrait de mettre en perspective les découvertes faites lors des chantiers de fouille comme celui là, constituer un vrai fond documentaire sur la ville, et pour la ville... Là encore c'est "tout bénéf’ !" Enfin si on considère que l'Histoire a aussi de la valeur !

Une autre possibilité serait de permettre l'encadrement de chantiers bénévoles. Ça se faisait avant (il y a quelques années).  Apparemment c’est devenu difficile à mettre en place à l'heure actuelle. Mais la démarche reste intéressante.
Ce type de chantier pourrait autant toucher l'étude de nouveaux site, que la conservation de site comme la Bauve (qui se dégrade aujourd'hui fortement à cause de l'érosion du au vent et surtout à l'eau), que de lancer la création de chantiers, comme pourquoi pas penser (re)créer les jardins du château de Montceaux-lès-Meaux. Avec bien sur la possibilité d'y organiser des visites. Etc.
L'offre aujourd'hui en la matière à Meaux est pauvre. La ville ne profites pas et ne met pas à profit son patrimoine historique. C'est dommage. C’est un atout qu’elle a, qu’elle n’exploite pas, et qui lui permettrait de se positionner par exemple face à la ville nouvelle de Marne-La-Vallée (Disney - Val d’Europe).


Et là encore, je tiens à affirmer qu'il ne s'agit que d'une question de volonté politique et de choix. Tiens, un exemple de choix : la mairie a investit il y a quelques temps dans un jardin très mal placé et très mal pensé, le square Daniel Ceccaldi, dans le quartier du Marché. Ce jardin public a coûté un certain prix pour au final ne pas être (ou très peu) utilisé. A côté de cela, les allées du Jardin Bossuet, très fréquenté, qui attire les touristes, mériteraient en partie d'être refaites. Elles ne le sont pas (pas été touchée il me semble depuis que j’avais l’age d’avoir des couches) C'est le choix de la municipalité. Mais les moyens sont là.



Tout ça semble être surtout du à une méconnaissance, voir une incompréhension, de la ville !


On ne peut pas dire de la municipalité meldoise qui revendique la Fierté de son histoire, la Fierté d'être une ville d'art et d'histoire, et accessoirement orientée politiquement (à droite) vers le capitalisme et le libéralisme, de ne pas chercher ni à valoriser l'histoire, n'en parlons même pas pour l'art, ni à profiter de son patrimoine comme source de revenu pour la ville... Bon...

Et vous, votre avis ? 

Rédigé par F.B.

Publié dans #720 Architecture et Patrimoine

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N
Pour mieux comprendre le pourquoi du comment et ses implications, un excellent article : http://www.monde-diplomatique.fr/2006/12/POT/14263
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