"Ici l'on dort !" (5)
Publié le 8 Août 2007
Manque de volonté politique ou vraie politique de ville dortoir ?
Peut-on reprocher aux gens de ne pas vivre Meaux comme une ville à part entière ?
Meaux a des manques. Parfois sévères ! J’ai évoqué la dynamique des commerces.
Pour moi c’est un espace public remarquable, emblématique, un peu symbolique, qui manque à Meaux. Un lieu de représentation, lieu des manifestations populaires, des spectacles, des promenades. Un lieu qui renvoie tout de suite à l’image de la ville : comme ce qu’est la Cannebière pour Marseille, comme la place Stanislas pour Nancy, comme les Puces pour Saint-Ouen, etc.
Meaux a eu ce lieu. La place Lafayette (notamment), avant qu’une triste « pénétrante » ne détruise cet espace urbain ! Aujourd’hui la place Henri IV se rapproche un peu de l’idée d’espace public de représentation. Mais elle est trop petite pour jouer pleinement le rôle que je décris. Il faut donc chercher ailleurs.
Est-ce que la place de l’Europe... ? Ou est-ce qu’il faudrait regarder du côté du Stade Tauziet, sur lequel on organise les Muzik'elles ? Un projet sur les berges de la Marne (voir SUR la Marne) ? Ou chercher hors la ville ?
Evidemment ça ne suffirait pas. Aussi beau l’aménagement soit, si les gens ne se l’approprient pas, alors il ne sert à rien (la plage a été adoptée tout de suite, mais son utilité est hélas très limitée). La ville, c’est autant une question de forme urbaine, d’espaces, de choses construites, qu’une aspiration commune et de la construction ensemble d’un projet de société. Les deux s’influencent l’un l’autre tour à tour (de l’œuf ou de la poule… on n’en sort décidément pas !).
Ces enjeux c’est de la politique au sens premier : la vie de la cité (civitas).
Si nos élus, ou le pouvoir locale, ne peuvent nous forcer (individus) à vivre la ville, ils ont la possibilité d’agir sur sa forme, sur les choses qui la compose, et amener les conditions de l’appropriation de la ville par ses habitants.
Au vu de ce que je montre, et d'une certine manière dénonce, ici et maintenant, mais aussi à travers ce blog depuis plus d’un an, je considère personnellement qu’une grande partie des choix fait sur la ville n’ont pas améliorés réellement la situation de la ville. Et n’ont en tout cas pas sorti Meaux de cette image de ville dortoir. Sinon je ne serais pas en train d’en parler avec vous aujourd’hui.
Dés lors on peut se poser la question (je me la pose) : est-ce que le pouvoir en place manque de volonté politique ? Et la réponse est : peut-être ! Peut-être plutôt que sûrement. Parce que je pourrais énumérer tous les choix qui sont fait, ou ne sont pas fait sur la ville, et les comparer avec quels autres choix allant dans le sens d’une action à fin de rendre la ville plus attractive, plus vivante, plus intéressante... Je l’ai fait plusieurs fois. Mais une récente réflexion me laisse imaginer que ces non-choix, ces demis-choix (non pas ces anchois lol ^ ^), sont peut-être l’expression assumée d’une volonté politique : ou plutôt que de se poser la question de savoir si les choix concernants la ville sont le fruit d'un manque de volonté politique ? en retournant la question, est-ce que les choix manqués ne sont pas le fruit d'une volonté politique ?
"Un peu étrange comme raisonnement...", allez vous me dire. Qu’est-ce donc qui peut bien me faire dire ça ? Pas de preuve concrète, juste une conviction qui est qu’un homme politique de la trempe de Jean François Copé ne puisse pas ne pas avoir de « stratégie », de vision politique concernant la ville.
On le sait parti pris pour une approche très pragmatique des choses. Une approche qui a ses limites dans le fait qu’elle ne se remet jamais en cause, qu’elle ne sait pas faire preuve de souplesse ni faire marche arrière ou changer de « tactique » lorsque il le faut, et qu’elle met de coté tout travail de réflexion (perte de temps ?). Chose que j’ai déjà évoqué. Et je n’approuve pas ce pragmatisme bêta. Autre méthode dont on dit que Jean François Copé est un fervent convaincu, celle du benchmarking – méthode qui consiste à comparer les méthode de production des concurrents, en tirer le meilleur, et l’appliquer pour soit (http://fr.wikipedia.org/wiki/Benchmarking) – méthode dont il s’est d’ailleurs inspiré et mise en œuvre dans son projet de modernisation du budget de l’Etat (en tant que ministre délégué au budget), mais pas à Meaux ! Enfin il y a quelque chose qui n’est pas dit, mais que je suppose, à force de le répéter ici sur blog, c’est la volonté délibérer de maintenir la ville dans une sorte de léthargie. Ce qui justifierait dans une certaine mesure autant la communication de la mairie et son message lénifiant ("tout il est beau, tout il est formidable, dans le meilleur des Meaux possibles !" "ayez confiance..."), exclusif et absolument exempt de toute critique, que les actes et les choix de la municipalité à peu près à tous les niveaux.
Un exemple serait l’animation culturelle de la ville. Ou une culture proche du degré zéro. Qui se contente d’une expression de la culture proprette, gentillette, de qualité médiocre et surtout une Fast-Culture, prête à consommer. Une culture qui exclu les habitants de la ville. Une sorte de culture télé en version théâtre de rue ou foire à la brocante, destinée à amuser 5 minutes des spectateurs passifs. A Meaux création et imagination sont totalement absente de la vie publique, culturelle et politique.
Ailleurs, les actes de la municipalité vont rarement au-dela du superficiel (y compris dans des projets comme la plage de Meaux). Sur le principe du "on fait, les gens sont content, et on a la paix". En même temps pourquoi s'épuiser à faire plus me direz vous ? C'est déjà suffisament compliqué comme ça de gérer une ville...
Idem avec le milieu associatif (une nouvelle fois cité en exemple) : on donne les subvention, chacun est content, et basta...
Une politique que je qualifierais de politique de ville dortoir, ou de politique de statu quo, dans la mesure où on ne fait pas les choix qui pourraient sortir en partie la ville de son état végétatif subit pour les raisons évoquées dans les articles précédents, mais que l’on agit aussi volontairement pour la maintenir dans cet état.
« Ridicule, ce raisonnement ne tient pas debout ! On nage en pleine théorie du complot» Hum, c’est ce que je me suis dit. Ben oui quand même, je me suis posé plusieurs fois la question avant de l’exposer. D’ailleurs (petit aparté) au cas où vous ne le sauriez pas, je ne prétends pas dire ici que ce que j’écris est la vérité, je m’amuse à « supputer », à brasser des idées et tenir des raisonnements. Trouver des explications. Mais a chacun d’apporter aussi ses questions, ses réponses, ou venir démonter ma démonstration. C’est le principe d’une discussion ! choses dont j'aimerais bien quand meme discuter avec notre super maire... sa vision de la ville de Meaux m'intrigue de plus en plus.
Reprenons… Là où le seul argument qui vaille dans la première supposition (qui est pour mémoire le manque de volonté politique !), où le but affiché serait vraiment de faire quelque chose pour la ville, alors le résultat médiocre serait tributaire d’une gestion médiocre de la ville, donc un échec. La seconde qui prend le parti d’une politique de ville dortoir débouche sur le résultat attendu, donc une réussite ! Qu’est-ce qui vaut mieux pour un politique intelligent et ambitieux comme Jean François Copé ? Serais-je de mauvaise foi ? Non, je suis tout à fait sérieux ^ ^. évidemment l'une des deux politique est d'un cynisme absolu : "faire croire que je me souci de vous, et qu'en fait il n'en n'est rien du tout." Dur !
Mais quel serait alors le but affiché ou caché d’une politique de ville dortoir ? Et bien je voie deux raisons. La première c’est que l’ambition des élus est de ne faire que de la gestion. Occuper la place comme ont dit. Et la seconde c’est de conserver cette place. En ne faisant ni tout à fait quelque chose, ni tout à fait rien (on en revient à la ville ni-ni), et tout ça en étant le plus consensuel possible. Ou une vision bien petite des choses.
Meaux est une ville dortoir. J’affirme qu’on peut trouver des solutions pour l’en sortir… a condition de le vouloir ! Mais le veut-on vraiment ?