"Ici l'on dort !" (3)
Publié le 6 Août 2007
De Meaux ville dortoir à Meaux ville morte il n’y a qu’un pas et qu’on franchi en l’espace d’une journée, comme par exemple un lundi pluvieux au mois d’août. Comme aujourd’hui. Quel meilleur jour donc pour continuer cette discussion qui semble, au vu des commentaires reçus, plus que vous intéresser !
Un lundi pluvieux au mois d’août donc… si en plus vous sortez entre midi et deux (heures à laquelle ferment les commerces, pause du midi oblige) vous avez toutes les chance de ne pas croiser un chat dans les rues du centre ville.
Au mois d’août à Meaux tout le monde est en vacances. C’est comme ça. Et ça doit être d’ailleurs pour cette raison que 90% des commerçants du centre prennent leurs vacances aussi à ce moment là… surtout les boulangers ! Constat terrible. Combien de fois ai-je parcouru les rues du centre à la recherche d’une boulangerie ouverte. Combien de fois ai-je vu des gens, des touristes, venus s’égarer à Meaux et remonter la rue du général Leclerc la faim au ventre. J’en discutais avec un ami qui acquiesçait, et me racontait que dernièrement il avait vu des touristes anglais un peu perdus dans Meaux demander à deux jeunes qui passaient par là, où ils pouvaient trouver un endroit pour manger (il devait être vers 13h, 14h). Bien entendu la plus part des restaurateurs du centre sont aussi en vacance au mois d’août. Les deux jeunes leur indique quand même « une » boulangerie (je ne sais pas laquelle). Devant l’air coi des touristes, l’un des jeunes se sent de rajouter : « On est à Meaux. On est Dimanche. » Réponse lapidaire mais qui veut tout dire. :-s
Je suis sur que vous vous dites « Il exagère ! Il caricature !», et c’est vrai qu’en prenant l’exemple d’un lundi pluvieux, gris et triste (et hop j’en rajoute une couche ^ ^), j’y vais peut-être un peu fort. Mais le week-end dernier (samedi compris), la ville était tout autant déserte. Je ne suis pas allé jusqu’à la plage, mais le centre ville était mort. Ce n’est donc pas la faute du climat ; dimanche a été la journée la plus belle et la plus chaude de cet été (enfin jusqu’à présent…)
Et si ce n’était que le mois d’août.
Autre anecdote. Lors du passage du Tour de France en juillet 2003, c’était un dimanche, TOUS les commerces du centre étaient fermés… incompréhensible ! Bon que les boutiques de fringues, que les banques ou les opticiens soient fermés, ok… mais les cafetiers, les boulangers, les magasins de souvenirs… tout était fermé. A l’exception peut-être du Bureau qui fonctionne 7j/7 (je ne tiens pas particulièrement à lui faire de la pub, mais reconnaissons cette qualité). Je ne sais pas si les commerçants avaient été mis au courant du passage du tour, où si ils avaient eu consigne de garder le rideau baissé, mais en tout cas eux, et la ville, font preuve par là même d’une incapacité flagrante à attirer les gens, ou profiter de la venue de visiteurs, et les garder. Pour une ville dite touristique…
Enfin tout ça pour illustrer l’une des causes de la léthargie de Meaux : l’absence d’un commerce dynamique et surtout en centre ville.
Le commerce ne fait pas tout d’accord. Mais il joue un rôle prépondérant dans le dynamisme et dans l’image d’une ville (son attrait). Heures d’ouvertures, variété et quantité des commerces, identités de quartiers, identité de ville, participation à la vie public, à l’espace public… tout ça n’est pas a négliger. Pourtant Meaux souffre aussi d’un déficit au niveau des commerces (et des commerçants).
Quelques causes, quelques pistes de réflexion :
Privilégier le développement de ses zones commerciales en périphérie.
Si on ne peut pas refuser entièrement le phénomène, l’encourager tue aussi l’activité en centre ville (le fameux petit commerce). Et l’urbanisme qu’il génère ne fait pas la ville. Trouver des solutions pour ramener une certaine vie en centre ville pourrait passer par le retour de l’hôtellerie vers les centres, par exemple. Les zones commerciales pourraient aussi faire l’objet de transformations urbaines les amenant à plus d’urbanité, de qualité de ville. Parce que le commerce génère du mouvement, il est aussi générateur d'espace public.
Trop d’associations de commerçants, pas assez de commerces.
Pour une ville de la taille de Meaux, le nombre de rues commerçantes est bien en dessous de ce qu’il pourrait être. Bien sur si on prend en compte les grandes surfaces on peut se dire que le compte y est, pourtant les rues du centre devraient je pense accueillir le double de commerces par rapport a ceux que l’on peut trouver actuellement.
Les commerces existants sont rassemblés autour d’associations (qui ne font pas l’unanimité, entre les délaissés et les favorisés), une par quartiers (Faubourg, Centre Cathédrale, Marché, Verrière…), incapables de s’entendre les unes avec les autres. Donc ne pas attendre d’animations intéressantes organisées par les commerçants… En outre j’ai vu aussi a plusieurs reprises des initiatives de certains commerçants qui semblaient être intéressés à participer à la vie de la ville, tuées dans l’œuf sans qu’il n’y ai même eu volonté de mettre des bâtons dans les roues à ces originaux. Devant peu d’enthousiasme et de soutiens, la plus part ont laissé tomber depuis, et arrêter de vouloir faire des efforts : on peut les comprendre, mais c'est triste.
Si il n’est déjà pas facile de gérer un centre commercial comme le Val d’Europe, une vision d’ensemble et une volonté sur un centre ville et les commerces qui le compose est possible. Par le biais d’une association des commerçants, à travers la Mairie, ou un organisme privé pourquoi pas. Par l’idée aussi que la mairie peut accepter, imposer ou refuser certains commerces (elle l’a déjà fait), user de son droit de préemption si il y a besoin, pour organiser les commerces sur certains endroits spécifiques : par exemples restaurants et cafés autour de la cathédrale (plutot qu'un opticien, une agence immobilière ou un assureur), du quartier du Marché, dans l’idée de soutenir des espaces touristiques ou des quartiers à destination de sortie…
Des commerçants peu commerçants.
Des commerçants peu aimables ? Il y en a ! Bon mais passons...
Libre à chacun de faire ses heures d'ouverture, et le nombre d’heure qu’il veut aussi. Mais dans certains cas on peut se demander si certaines fermetures sont « normales ». En ligne de mire les boulangers pâtissiers, dont certains ferment quand même en plein midi tout au long de l’année !
Apres 19h plus rien !
Si on parle de ville dortoir, voilà ce qui vient de suite à l'esprit. Attention, la responsabilité n’en revient pas qu’aux commerces, et je vous revoie à la lecture des articles suivants pour vous en rendre compte.
Si Paris vit presque 24h/24, si nos voisins espagnols ou italiens commencent à vivre à partir de 23h, si les anglais à la sortie du bureau se précipitent dans les pubs, en France il est communément admis que les commerces ferment à 19h. Dans n’importe quelle ville de province quelque soit sa taille c’est comme ça. Meaux n’y déroge pas. Et je ne pense pas ça anormal. Mais quand les activités diurnes s’arrêtent à Meaux aucune activité nocturne, ou presque, ne prends le relais. Les rues de la ville ne sont qu’à peine animées par les restaurants, et seule les « grecs » font lanterne dans certains quartiers. A Meaux il n’y a qu’un seul café (pub, on appellera ça comme on veut) digne de ce nom, et je l’ai déjà cité : le Bureau. Aucun autre choix.
On imagine la déception des fêtards, des piliers de bars et étudiants en goguette… Mais sortir le soir, ou devoir être dehors le soir, n’est pas forcément lié à l’idée de faire la fête. Ça peut être plus simplement finir de travailler plus tard que d’habitude et rentrer chez soi après 19h. Avoir besoin de faire une course (bon match est ouvert jusqu'à 20h je crois et il reste l'épicerie arabe du coin sinon), ou imaginer manger dehors parce qu’on n’a pas envie de se faire à manger. Aller au cinéma et aller grignoter une bricole en sortant de la séance. Retrouver des amis, des collègues, ou avoir un rendez vous d’affaire autour d’un verre… Beaucoup de gens ne fonctionnent pas avec des journées qui se termineraient vers 17h. Prenez médecins et infirmiers de l’hôpital de Meaux, les policiers, les gens qui travaillent sur Paris, sur Disney, cadres, etc. Une partie non négligeable de la population de la Meaux est aussi active après 19h (c’est valable aussi avant 10h le matin !).
Est-ce demander l’impossible que la ville s’anime un peu plus le week-end ?
Enfin il y a aussi une histoire d’habitudes et qui concerne les habitants et sur laquelle je reviendrais plus loin.
La franchise pour le meilleur ou pour le pire ?
Les franchisés sont en général les commerces qui ouvrent le plus facilement. En tout cas les moins difficiles sur les horaires : ils sont la pour faire de l’argent, c'est clair. Pour une ville il y a un intérêt aussi a avoir des noms : Mac Donald’s, Séphora, Alain Afflelou… ça participe aussi à l’idée qu’on se fait d’une ville qui marche avec son temps. Mais les franchisés ne sont pas « actifs » dans la ville. Ils ne sont pas dans les associations, et leurs lignes de conduites les empêchent de participer à tout projet collectif, à destination commerciale ou non. Faut-il dés lors repenser leur place dans la ville ?
Je pense en oublier. Mais l’article est déjà long. Je termine donc ici sur ce point.
La participation du privé à la vie de la cité est nécessaire. Le commerce en est la manifestation la plus visible. Comment le motiver ? Comment le générer ? Peut-être l’obliger ? Si on veut rendre une ville attractive et vivante il faut aussi en passer par ces questions.
Je vous invite à laisser ici vos suggestions, commentaires, questions sur ce sujet.