Des panneaux jolis... mais qui disent quoi ? (1)

Bonne initiative de la mairie que d'avoir voulu communiquer sur ses projets "autour" de la Marne. Et accrocher des panneaux le long du quai Victor Hugo est une idée sympathique. D'ailleurs ça pourrait peut-être faire naître d'autres idées... J'en demande trop, hein ? ^ ^ lol

Sauf que ces panneaux... ben ça reste la municipalité dans ses oeuvres : un message lénifiant et mièvre au possible, "tout il est pour mieux dans le meilleur des mondes possibles", "tout va très bien madame la Marquise", "c'est nous qu'on est les meilleures c'est nous qu'on est les plus beau"... bref ça brasse de l'air, ça remue beaucoup de vent, ça use des superlatifs à l'overdose, et surtout ça ne dit rien tout en donnant l'impression d'en dire beaucoup. Ah ! Et j'oubliais : ça ment un peu sur les bords, aussi ! Quoi vous ne me croyez pas ? J'exagère ?


Bon aller un peu sérieusement, je vous propose de commenter cette présentation.



D'abord quelques mots sur la forme. 
On a neuf panneaux, dans un moyen format (100x70cm peut-être). Est-ce adapté ? Oui (un petit oui). Disons que si le message qu'on veut faire passer c'est : "c'est nous les plus beau, c'est nous les meilleurs", autant le crier sur des panneaux en 4x3m. Là on est dans quelque chose de plus discret. Plus simple. Ca fait penser un peu à ces expositions de photos, en plein air, style Yann Artus Bertrand qui exposerait sur les grilles du jardin des Tuileries ; des photos de la terre avec des phrases à la morale écolo. Pourquoi pas dans le cas qui nous concerne. Un titre, une photo, une légende : simple efficace. Sauf que rien d'artistique dans la présentation made in mairie de Meaux. La présentation fait quand même un peu "power point". Un peu cheap. Les photos ne sont pas toujours bien choisies.

Les panneaux sont présentés dans un certain ordre (de l'amon vers l'aval de la rivière, soit de la zone naturelle au barrage), mais pas numérotés. Ils pourraient l'être. Ils sont exposés devant la passerelle du Richemont. Parce qu'elle est en travaux ! Mais comme les panneaux parlent aussi de la Marne en général, et des projets qui y sont rattachés, la série pourrait se dupliquer et se retrouver en même temps ailleurs : pourquoi pas exposer ces panneaux du côté de la halte fluviale, à l'entrée de la plage, dans le jardin des Trinitaires, etc. Autant exploiter l'idée jusqu'au bout. Autant communiquer le plus possible.




Sur le fond maintenant. 
"Meaux à la reconquête de la Marne". Ce que dit et ce que ne dit pas la municipalité, c'est qu'elle veut rendre la Marne à la ville. Ben pourquoi, allez vous me dire, elle avait disparut la Marne? Non, bien sur que la Marne n'a pas disparut. Mais quand pendant des siècle une ville, son économie, sa vie, se fait autour de la rivière - même si celle-ci est un cloaque puant, où les eaux des lavoirs se mélangent aux eaux usées des artisans tanneurs et des bouchers, aux égouts aussi, et qu'en même temps des enfants s'y baignent, des chevaux y viennent boire, etc. - et que l'époque qui lui succède voit toutes ces activités disparaître, qu'on ne se promène même plus sur ses quais qui sont devenus des voies rapides pour automobiles, ou des parkings, alors la Marne devient un vide. Un vide qui n'est même pas un paysage. Un vide qu'on subit et qu'on ne peut même pas faire disparaître ; je me demande même si on avait pu couvrir la Marne, on l'aurait fait ! Bref la Marne n'avait plus rien d'urbain, plus rien de la ville. C'est pour cela que l'on dit que la ville a tourné le dos à la rivière. 
C'est assez récemment, peut-être 10 ans, qu'on s'est aperçut que la Marne avait peut-être plus d'intérêt que simplement se contenter de couler au milieu du béton et de déborder de temps en temps. Ce paysage, qui a fait la ville de Meaux quand même, historiquement parlant, c'est aussi un organisme vivant. C'est l'expression de la nature, qu'on veut aujourd’hui réconcilier avec la ville, avec laquelle on veut réapprendre à vivre. Et puis la rivière apporte un plus indéniable à la ville : une respiration, une source de bien être, d'agrément (au même titre qu'un jardin). Et quand en plus on se rend compte qu'elle permet de jouer un rôle technique, qui va au delà de grand récupérateur des eaux de pluies. Bref on ré-idéalise la rivière, et quand la rivière va tout va !

Tout ça, la municipalité, si elle ne s'en est rendu compte vraiment, du moins le ressent comme tout un chacun peut le ressentir. Et comme tout un chacun, la municipalité exprime le besoin de retrouver des activités, des pratiques liées à rivière. A besoin de se la réapproprier : d'où la Fête l'Eau, la plage, le regain récent d'intérêt pour le jardin des Trinitaires, la halte fluviale, la péniche, etc. Tout un tas de choses qui participent à la qualité de vie des citadins, ponctuellement ou quotidiennement, et renvoient une image positive. Bien.

Elle dit donc "reconquête de la ville". Seulement pleins de petites envies, que la municipalité appelle "projets", ne font pas un projet urbain réfléchi -  à l'intérieur duquel il y aurait certainement plusieurs petits projets, dont ceux qui ont été réalisés – ne font pas un projet qui pose la problématique du rapport qu'entretien la ville avec sa rivière et son site (son paysage). Cette problématique entraînerait des questions d'ordre tout autre. Mais même si on ne devait que se soucier des berges de la Marne, alors quel projet aujourd'hui pour les quais Sadi Carnot, Prévert, Hugo, par exemple ? La municipalité n’y a pas pensé…


Et c’est pour ça que j’affirme que la ville dit et ne dit pas. Les panneaux qui sont exposés le montre très bien : on affiche l'envie de reconquérir la Marne, on montre des projets réalisés ou en devenir dans cette optique, mais la ville ne dit pas le projet global qui soutient, qui uni, toutes ces petites interventions (parcequ'il n'y en a pas). Vous suivez ?




Bien ! Apres cette réflexion peut-être un peu compliquée, revenons a du plus simple : les panneaux et leur critique. Mais pour ça je vous invite à lire l'article suivant…